#57

J’adore la tradition anglo-saxonne du livre signé.

Quand un écrivain va faire une séance de dédicace dans une librairie (ce qui, déjà, n’est en soi pas si fréquent que ça en France, hélas, en dehors du domaine de la BD). Quand un écrivain dédicace, donc, il signe non seulement les volumes des personnes présentes — mais également une bonne partie du stock du libraire! Lequel libraire, ensuite, fait une belle pile dans sa boutique en exhibant fièrement un petit panneau « exemplaires signé ». Jamais vu ça en France. Et pourtant, que c’est cool…

J’aime aussi ces noms que j’ai trouvé sur la première page de certains des vieux paperbacks que j’avais rapportés de San Francisco: les premiers propriétaires de ces livres ont laissé leur trace… Je trouve ça touchant. Un infime souvenir de vie antérieure… J’avais également acheté, à Berkeley, un Lisa Golstein signé par l’autrice, tiens. La librairie Andromeda, à Birmingham, où j’ai longtemps commandé la plupart des bouquins neufs en V.O. que je pouvais acquérir (avant qu’Amazon.uk et ses délais de livraisons hyper-rapides ne débarque… Me voilà vendu au grand capital, mais le « système Amazon » fonctionne si bien…), fait un petit catalogue mensuel et propose régulièrement des exemplaires signés. Il m’arrive souvent d’en commander, dès lors qu’il s’agit d’un auteur qui m’intéresse. Oui, c’est sans doute un peu « puéril », mais à mes yeux cette simple petite signature ajoute une sorte de valeur à l’ouvrage, je ne sais pas, ça le rend déjà plus vivant, ça le tire de la masse d’exemplaires imprimés…

Non pas que je me leurre sur la valeur marchande du bouquin en question: je trouve très cons (et même néfastes) ces collectionneurs-spéculateurs, si fréquents dans la BD, qui se gargarisent avec des argus et des côtes! Bordel, un bouquin, la plupart du temps, ça n’a pas grande valeur… Enfin, ça ne devrait pas, je trouve. Ce n’est que du papier. Pourquoi chiffrer une valeur qui n’est en fait que sentimentale, la plupart du temps? J’ai des Holdstock, Hambly, Stableford, Aldiss… signés. Sans parler des auteurs français, souvent des copains. And so what? Ça ne vaut quelque chose qu’à mes yeux. Et c’est bien le principal!

D’ailleurs, c’est une des (multiples) choses que j’avais trouvé séduisantes à San Francisco (très envie de retourner à San Francisco — ça se voit peut-être? 😉 ): de très vieux bouquins (souvent des éditions originales) s’y trouvaient facilement, et pour des prix raisonnables. 5$ le hardcover d’origine de The Sheep Look Up de John Brunner, état nickel, par exemple. Voilà des gens qui ne nous font pas suer avec des argus aberrants. Tiens, c’est comme ces deux Penguin des années trente, état absolument neuf (franchement étonnant, pas même un peu lustrés — The Edwardians de Vita Sackville-West et un Wodehouse) que j’ai acheté 5 FF pièce l’autre jour chez le « Père Penard », notre bouquiniste géant et génial de Lyon… À côté de ça, le marché de la BD est complètement pourri, de nos jours: la moindre sous-merde se met à côter. Faut voir à la Braderie de Lille: impossible de trouver une BD… Au moins, à quelque chose malheur est bon, comme la SF a toujours été fort mal considérées en France, on peut encore et toujours trouver de la SF pas cher du tout.

#55

J’ai dit que je parlerai ici de toutes mes lectures, je suppose qu’il faut donc que je parle de Warriors… Mais il ne s’agit pas d’un livre. En fait, ce n’est qu’un projet de série de bouquins, présenté par une boîte nommée Working Partners Ltd. J’ai lu ça pour Gallimard Jeunesse. Ca se présente sous la forme d’une présentation générale du projet, du synopsis détaillé du premier tome, et des six premiers chapitres du premier tome.

Rusty est un jeune chat roux, domestique: vivant dans une maison avec des humains, il rêve cependant depuis plusieurs soirs d’une chasse à la souris — alors qu’en réalité il n’a encore jamais attrapé le moindre rongeur. Un soir, il décide de sortir hors du jardin afin de tenter sa chance et de confronter la forêt inconnue derrière chez lui. N’écoutant pas les conseils apeurés de son voisin, un jeune chat noir et blanc, le jeune Rusty s’enfonce dans les buissons et ne tarde pas à dénicher une souris.

Mais il est dérangé dans sa chasse par un ennemi inconnu — un jeune chat gris, sauvage et musclé, avec lequel il se bat. Bien que moins fort que son adversaire, Rusty lui fait face. Greypaw, c’est le nom du jeune chat sauvage, cesse le combat et explique au chaton qu’il est un apprenti guerrier des chats sauvages du bois, un membre d’un Clan de chats nommé ThunderClan. Ne tardent pas à arriver deux adultes du ThunderClan, qui ont épié les agissements de Rusty et lui proposent de rejoindre leur clan — car ils manquent de futur guerrier.

Rusty accepte, et rebaptisé Firepaw, est intégré à la formation du ThunderClan. S’ensuivent ses aventures et découvertes de la vie sauvage: la structure clanique, le camps des chats sauvages, leur chef âgé Bluestone, le guerrier Hammerclaw et son avidité pour le pouvoir, une chatte-médecine d’un clan voisin qui vient se réfugier chez eux et qu’aide le jeune Firepaw, les rumeurs inquiétantes de disparitions de chatons du clan voisin ShadowClan, les attaques du ShadowClan, les visées ditactoriales du chef du ShadowClan et finalement une contre-attaque menée par Firepaw, la chatte-médecine et quelques alliés qui permet d’abattre le dictateur et de découvrir qu’il avait trahit son clan. Puis le retour au ThunderClan, où Hammerclaw continue de comploter.

Ca m’a fait penser à une sorte de Guerre du feu avec des félins comme personnages… Ce n’est pas désagréable, correctement (quoique platement) écrit, mais je n’en vois pas trop l’intérêt… Ce projet est bien entendu purement commercial (pas même de nom d’auteur), mais les mômes seront-ils intéressés par un « Rahan des chats »? Je suis assez dubitatif — et en tout cas incapable de juger de ce genre de choses.

C’est amusant, de lire sur manuscrit des bouquins US pas encore parus (ni même écrits, dans ce cas précis!). J’avais ainsi lu pour Denoël le Bradbury qui vient juste de paraître aux États-Unis (From Dust Returned), le nouveau Robert Charles Wilson (The Chronoliths), et là, je me délecte littéralement à la lecture de The Fall of the Kings d’Ellen Kushner & Delia Sherman, un gros roman situé dans le même univers de cape-et-d’épée baroque & fleurie que Sworspoint de la seule Kushner.

Ah oui, et puis j’avais aussi lu pour Folio Junior un roman de fantasy pour ados, Mirror Dreams par Catherine Webb (une gamine de quatorze ans!), qui doit je crois sortir de manière mondiale au début de l’an prochain — très chouette, plutôt genre Zelazny que Rowling.