Ce matin sonna à ma porte un corpulent jeune homme de langue allemande – nous conversâmes en anglais cassé. Au volant d’un petit camion entoilé de rouge pétant, il provenait de Zurich : il venait enfin emporter les archives des Moutons électriques (un exemplaire de chaque tirage, affiches, catalogues, PLV et tutti quanti), dont j’ai fait don à l’aube de la liquidation de la société. Le témoignage d’une vingtaine d’années de travail éditorial qui part à la Maison d’Ailleurs, le musée de la science-fiction sis à Yverdon, en Suisse, que dirige maintenant mon vieil ami Fred Jaccaud. J’aime de longue date ce très beau musée, auquel j’ai rendu visite de multiples fois lorsqu’étant lyonnais je m’abandonnais à l’exotisme helvétique. Ce même matin, j’ai reçu au courrier le roman de Francesco Verso, Les Itinérants, premier de quelques projets ovins qui vont être finalement publiés par la maison Mnémos.
#6127
Je suis quelqu’un qui, souvent, s’étonne d’être seul, comme cloué à la solitude, et qui se demande comment il en est venu là, qui n’en revient pas — et ce ne sont pas mes deux brèves « aventures » avec des étudiants, en dix années bordelaises, qui auront changé grand-chose à cela, sinon que je découvris alors que l’on pouvait encore me désirer. Oh je ne suis guère de nature cafardeuse, disons plutôt anxieux et mélancolique — et pas mal porté sur l’interrogation existentielle, en ce début d’une nouvelle « tranche » de ma vie. Je sais qu’il ne faut pas attendre pour vivre et célébrer les amis et les gens que l’on aime, et je m’y efforce, tout comme je m’efforce tout le temps d’avoir une vie sociale, qui me permette d’oublier un moment ma solitude. Simple constatation.
#6126
Au début de l’orage, hier, j’ai observé le plaisir de deux merles, s’égosillant et s’ébrouant sous les gouttes éparses. Puis cette petite averse devint torrent, charriant des pierres qui cinglaient la terrasse et les vasistas avec de grands craquements. Toute la nuit ce fut encore le raffut, le déluge et les grondements. Maintenant, le lendemain, mes deux merles sont de retour, gloussant et pépiant, sous un ciel blafard avachi sur les toits.
#6125
Fort mal dormi la nuit dernière, les orages tournaient, partaient, voguaient, cognaient, grondaient, et la pluie revenait sans cesse, crépitante ou hésitante. Chaque fois je me disais que c’était excellent pour le jardin, tout ce ciel déversant son eau en grand qui m’éviterait un arrosage matinal. La chaleur, le vent, le bruit, difficile de plonger profond dans le sommeil. Et dans les rues, quelques heures auparavant, les parfums du jasmin et du tilleul exacerbés par la moiteur devenaient presque intoxiquant.
#6124
En septembre prochain, en papier chez Koikalit et en numérique chez Flatland, sortira le neuvième et ventru tome des enquêtes de Bodichiev : Les Mystère de l’Empire ! Toujours par mon alter-ego Olav Koulikov, bien entendu.
Texte de 4e de couverture :
Des signes inquiétants se multiplient à London, la capitale de l’ouest de l’Empire anglo-russe : petits engins entraperçus dans les eaux de la métropole, vagues de panique des rats qui s’enfuient des sous-sol, bruits et rumeurs étranges… Et même plus loin, sur une lointaine plage écossaise, un corps est retrouvé… Il se pourrait même que sur le rivage de la lointaine Stamboul, des complots s’ourdissent…
Après les huit volumes des mémoires de l’enquêteur Bodichiev, voici un roman indépendant brossant un tableau plus large de cet univers parallèle, un roman choral pour un drame d’ampleur internationale. La longue paix de l’Empire est en danger.