#6078

L’autre nuit, à la campagne chez Pagel, j’ai écouté un moment les sons nocturnes : deux hiboux filaient en duel leurs chants différents et mélancoliques. Ici, dans mon coin de ville, point de hiboux, seules les bogies d’un train de marchandises crissent sur les rails un long chant cristallin. En cet été, rares sont les bruits, cette nuit j’ai entendu le grésillement puis les coups de balais d’une bruine et d’une averse. Un peu plus tôt, dans le soir, un grignotage m’attira sous le troène : une mésange en picorait les graines. Depuis son épisode avec ma chatte, la merlette ne se risque plus à gratter dans le sous-bois et je n’ai pas la chance, comme de voisins amis, de bénéficier de la visite d’un hérisson. Les feuillages tremblent, frottent et susurrent des paroles végétales. Une radio solitaire grommelle dans le lointain, aussi indistincte que dérisoire, vite couverte par la marée d’un autre train.

#6076

Assis au-dehors hier soir, auprès de la tonnelle de mes amis, j’ai observé un avion traçant un chemin pulvérulent blanchâtre sur le bleu translucide du ciel. Il semblait vouloir s’approcher de la demi lune qui trônait, en argent fumeux, contre le vaste silex d’une nuée dessinée par Siudmak, nuages cailloux et gravier poreux, avant que la lumière déclinante ne révèle quelques vols de pipistrelles dans la subtilité d’estuaire du crépuscule.

#6075

Après la « microcon » d’hier avec plein de vieux camarades (insérer ici une citation des Tontons flingueurs) et un joli vide-grenier ce matin en compagnie du sieur Pagel, retour au calme plat mais grésillant d’un dimanche chaud où ne s’entendent plus que les cigales et, de temps à autre, une trille de passereau, les corneilles qui tout à l’heure bavardaient au loin s’étant faites silencieuses. Un couple de phalènes va et vient dans un vrombissement d’ailes poudreuses. Une bribe d’été.

#6074

Week-end chez un gentleman-farmer de mes amis, moment de pause dans le silence de la campagne. Silence ? Écoutant le chant des oiseaux je réalise qu’à des moments l’environnement sature presque de sons, des exhalations rythmiques discrètes et omniprésentes, la musique des syrinx. Les roucoulements des pigeons sur le versant d’une colline à gauche et dans les arbres en haut d’une autre à droite, les crépitements à l’orée des genêts, les pépiements et les gazouillis dans ces derniers, un chant qui s’élève dans la haie, quelques arpèges du côté des pruniers, une ligne répétitive, une trille, et puis le passage sombre d’un croassement. Un petit rapace vient juste d’ajouter à tout cela ses appels rauques. Avec quelques bourdonnements de mouches, et le vaste silence par-dessus. Dans l’air immobile flottent aussi le parfum des chèvrefeuilles et une pointe de foin en provenance des deux chevaux, de l’autre côté de la maison. Presque rien : le calme.

#6072

Grisaille et crachin, la promenade du samedi matin fut vivifiante et passa par la Villa Valmont, résidence d’écriture et espace d’exposition que je n’avais pas encore visité, honte à moi, superbe lieu niché au creux d’une forêt sur les coteaux de Lormont.