#6086

Je repars de Rouen avec le sentiment du devoir accompli : l’objet de cette « résidence d’écriture » était de finir de rédiger avec un ami cher et néanmoins normand le synopsis d’un roman que nous avons débuté en fin d’année dernière. Et c’est donc chose faite, synopsis complet, ce qui est ma foi plutôt satisfaisant.

#6085

Un cliquetis de métal balance comme un métronome, au rythme de la vague, et un gong sonne, bas et dans un bref écho : hochement du ponton. Une chaîne grince. Une mouette scrute l’eau. Sous le vert de la colline s’élève une fumée au goût âcre de goudron.

#6078

L’autre nuit, à la campagne chez Pagel, j’ai écouté un moment les sons nocturnes : deux hiboux filaient en duel leurs chants différents et mélancoliques. Ici, dans mon coin de ville, point de hiboux, seules les bogies d’un train de marchandises crissent sur les rails un long chant cristallin. En cet été, rares sont les bruits, cette nuit j’ai entendu le grésillement puis les coups de balais d’une bruine et d’une averse. Un peu plus tôt, dans le soir, un grignotage m’attira sous le troène : une mésange en picorait les graines. Depuis son épisode avec ma chatte, la merlette ne se risque plus à gratter dans le sous-bois et je n’ai pas la chance, comme de voisins amis, de bénéficier de la visite d’un hérisson. Les feuillages tremblent, frottent et susurrent des paroles végétales. Une radio solitaire grommelle dans le lointain, aussi indistincte que dérisoire, vite couverte par la marée d’un autre train.