#77

Le plaisir du lundi soir: regarder sur Monte Carlo TMC deux épisodes de Agatha Christie’s Poirot.

Je suis littéralement sous le charme de cette série télé — l’une des plus soignées, des plus raffinées, des plus délicieuses qu’il m’ait jamais été donné de voir.

Je n’ai pas relu d’Agatha Christie depuis mon adolescence, je ne saurai donc juger du degré de fidélité des adaptations à l’oeuvre originale. Mais pour ce que je m’en souviens, cela me semble remarquable. Et même si ce n’était pas fidèle, ce serait à tout le moins une re-création exceptionnelle. Car David Suchet (l’acteur) est Hercule Poirot! Adorable, généreux, prétentieux, tatillon, perspicace, suffisant, ridicule, touchant, redoutable… Suchet/Poirot est tout cela à la fois. Ah, ces pétillements malicieux dans les yeux!

Quant aux décors, ce sont chaque fois des bonheurs de recherches/reconstitutions Art Déco. Poirot vit totalement dans l’Art Déco, au point que cette série prendrait presque l’aspect d’un univers parallèle où le monde serait demeuré bloqué dans les années 1930… Je ne sais quelle est la part des décors véritables et des constructions en studio, mais toujours est-il que le décorateur fait dans chaque épisode des prodiges d’esthétique.

Et il faut également parler du générique: un splendide dessin animé — de style Art Déco, cela va de soi.

Il paraît que le défi de cette production serait de parvenir à réaliser toutes les enquêtes de Poirot. Le travail est d’ampleur… herculéenne, mais l’équipe comme les acteurs semblent de taille à le mener à bien.

Une seul, minuscule, regret: que la V.O. ne nous soit pas accessible en France — j’ai parfois eu l’occasion de voir des épisodes à la télé anglaise, et Suchet y est encore plus délicieux: il parle avec un terrible accent franchouillard & parsème ses dialogues de mots français. Je craque.

#76

Tiens, j’avais encore oublié! Bon, cette fois faut que j’en parle: lorsque j’avais évoqué le recueil Je pensais que mon père était Dieu de Paul Auster, j’avais songé à aussi parler d’un autre bouquin, assez similaire. Et puis ça m’est sortit de la tête. Puis lorsque ces derniers jours j’ai parlé de villes & de rêves, j’y ai repensé — et ai encore oublié.

The Tiger Garden est le titre de ce livre dont je voulais parler ici. A Book of Writers’ Dreams est son sous-titre, et il explique assez bien par lui-même de quoi il s’agit. Il est paru en 1996 chez le petit éditeur anglais Serpent’s Tail — et fut réédité aux USA l’année suivante, par la branche américaine de la même maison. Ses royalties vont à Amnesty International.

C’est Nicholas Royle, un écrivain britannique plutôt versé dans le fantastique, qui en a eu l’idée: réunir des témoignages d’écrivains sur leurs rêves. Nothing fancy, comme diraient les Britanniques: le principe était de ne pas faire de la littérature, mais de rédiger simplement, directement, un rêve. De manière brute, quasiment.

Le résultat est fascinant: 222 rêves. De quoi avoir le vertige! Nicholas Royle étant proche à la fois des milieux de la SF, de l’horreur et des jeunes auteurs/nouvellistes britanniques « branchés », les écrivains témoignant dans The Tiger Garden sont donc surtout représentatifs de ces mouvances-là — mais on y trouve en fait un peu tout le monde (anglo-saxons uniquement, à l’exception d’une note de Kafka, et du français Jean-Daniel Brèque — traducteur, & auteur d’une poignée de remarquables nouvelles fantastiques; mais cela s’explique: Brèque est surtout publié en Angleterre, curieusement). Quelques noms? Brian Aldiss, A.S. Byatt, Jonathan Carroll, Barbara Cartland (!), Jonathan Coe, Louis de Bernières, Chris Fowler, Nicolas Freeling, Neil Gaiman, Robert Holdstock, Michael Moorcock, Joyce Carol Oates, Geoff Ryman, Will Self, D.M. Thomas, etc, etc.

Ah, et puis pendant que j’y suis: dans le même genre, il faut aussi évoquer Le cheval blême, par David B. (chez L’Association, 1992). Les rêves (cauchemars, plutôt?) d’un auteur de bande dessinée (N&B, dans un style proche de Tardi). Là encore, une lecture qui fascine, dérange, ne laisse pas indifférent…

#75

Comment? Un dimanche et je ne me suis même pas donné la peine de poster quelque chose?

Ben non, en tout cas pas pour l’instant: je viens de terminer la maquette d’un bouquin (Étoiles Vives n°9, à sortir en janvier) — content d’être débarrassé de ce boulot assez chiant & dont je n’avais plus l’habitude — et du coup je continue un peu sur ma lancée. Je change la maquette du blog! Hum, vous trouvez ça comment? J’hésite encore…

#74

Lu: Slow News Day par Andi Watson (fascicule n°2, chez Slave Labor Graphics).

Encore une bande dessinée, donc. Et également dans ce style que l’on nomme si aptement la « ligne frêle » — de manière plus poussée encore que Christopher, en fait: Andi Watson a adopté pour son nouveau feuilleton un style encore plus épuré, encore plus charbonneux, encore plus stylé, que dans son (excellente) oeuvre précédente, Breakfast After Noon. En cela, il suit les traces des français Dupuy & Berbérian, ou de François Avril (lui-même est anglais).

Et quoique publié aux États-Unis, il livre une fois encore une histoire typiquement britannique, puisqu’on y suit le séjour d’une jeune journaliste américaine ayant décidé d’aller bosser quelque temps dans un petit canard minable d’un bled anglais, afin de se donner une expérience — en vue de la réécriture d’un scénario pour Hollywood qu’elle a peaufiné avec son boyfriend.

Il s’agit d’une comédie de moeurs, aux personnages très attachants — quant au dessin, ah mama mia! quel bonheur… Quasiment chaque case est une merveille de stylisation. Pour l’heure, Andi Watson n’est toujours pas publié en traduction française — dommage, car c’est, à mon goût, l’un des graphistes actuels les plus excitants.

#73

Un nouveau site, passionnant! Fantastic Metropolis.

La présentation: « The focus of the Fantastic Metropolis website is cast directly upon those murky edges of genre and non-genre works, which explore the vague recesses of fiction and Humanity, the fantastic and the horrific. You will find no David Eddings here, nor Robert Jordan, nor even venerable Isaac Asimov. This site is devoted solely to those writers that have been laboring away to create newness and vitality in a stagnant marketplace. There is no Product here; only Art. We take fantastica seriously here. Dead seriously. »

Et je confirme: ils se prennent un peu trop au sérieux… Mais c’est quand même très, très intéressant!