Cela m’arrive très souvent: je me lève la nuit, que ce soit pour faire pipi ou pour nourrir la chatte, et un mot me tourne dans la tête, obsédant, sans signification ni contexte. Cette nuit c’était « Clore Gallery ».
Clore Gallery, Clore Gallery… Il s’agit de la partie du musée londonien Tate Britain qui abrite la collection Turner. Pourquoi ce nom, pourquoi me tournait-il en tête? C’est assez étrange…
La nuit précédente il s’agissait de « The Remains of the Day ». Mais là au moins, je sais un peu pourquoi: je me suis mis à relire le roman de Kazuo Ishiguro (intitulé en VF Les vestiges du jour). Un grand plaisir, d’ailleurs: incroyablement british, guindé, sérieux & amusant tout à la fois, un délice de portrait psychologique non conventionnel — et ce n’est pas là le moindre de ses paradoxes: le butler, incarnation de la tradition britannique, s’avère être un « animal » si particulier dans ses principes, qu’il n’en est pas du tout traditionnel… Étonnant, finalement, qu’un roman aussi singulier ait rencontré un tel succès.