La rage find’annesque est presque achevée. Une fois encore j’ai survécu à cette période atroce, ridicule, douloureuse, pesante… J’en sors avec une douleur persistante dans l’épaule droite, un torticolis qui me taraude le cou, un poids dans la poitrine qui semble annoncer une bonne vieille angine, mais j’en sors.
Hum, allez André, cesse de geindre.
J’écris. J’écris bien & beaucoup, ces jours-ci. Car écrire est un refuge: contre le sordide ordinaire du centre commercial, contre la foule qui grignote l’énergie & l’attention, contre l’inculture & la mauvaise humeur de certains. Chaque midi je fonce à la bibliothèque (à deux pas de mon lieu de travail) afin d’y saisir à bras le corps un moment de calme, une respiration: j’écris alors, vite, vite, dans le carnet que je porte toujours sur moi. Parfois je mange, parfois je ne mange pas, mais toujours j’écris: assis à une longue table le long de la vitre, le nez devant la muraille du blockhaus mais la tête dans les lumières de ma fiction.
Car c’est ainsi que je ressens l’acte d’écrire: une lumière, un vent qui souffle, un air frais. Et j’essaye de regarder cette lumière, de capter ce vent, d’emplir mes poumons de cet air. Vite, vite, quelques lignes, quelques paragraphes: juste une heure, en fait moins car il faut compter les quelques minutes du trajet, celles de l’attente pour acheter un sandwich ou un petit pain. Une quarantaine de minutes où je glisse dans cet espace privilégié qu’est l’écriture. Comme au coeur d’un cyclone.