Ce matin je suis allé à mon mariage. Je n’ai pas vu mon épouse, dommage, mais qu’importe après tout: il s’agissait d’un mariage d’argent.
Et de l’argent, sa famille en avait! Ce manoir, quasiment un château, et ce parc, incroyable! Une demeure si immense que je me perdais un peu dans les enfilades de pièces — croisant Éric Vial dans un couloir, marchant à grands pas en parlant haut dans un téléphone portable. Dans une chambre, mon frère Étienne et mon copain Fabrice Méreste discutent aimablement, très élégants dans leur frac noir. Enfin je rejoins une sorte de vestibule carrelé, où l’on me présente quelques cousines de ma femme. Olivier est là, assis sur un buffet bas, il drague éhontément deux jeunes frisottées gloussantes, encore des cousines.
Au dehors la garden party bat son plein, il y a de grandes tentes blanches un peu partout dans l’herbe, les invités vont et viennent, sous une tente un cousin de mon épouse (un petit gros, brun) chante un truc celtique avec un affreux accent pied-noir. Je croise Pierre Stolze. Désordre bon-enfant, je croise mon cousin Yves, petits fours & herbe foulée, quelques bouleaux frêles au sein des toiles blanches, au-delà de la pelouse de grands arbres sombres.
Dans la grande salle au rez-de-chaussée du manoir (comme une sorte de galerie des glaces), mon beau-père, un bel homme très droit aux cheveux gris, fait un petit discours puis me passe le micro. Dans la foule assemblée, autour de petites tables rondes, se pressent familles & amis — j’entends Olivier pouffer à une bêtise que vient de lui raconter Philippe Claerhout. Deux cousines (encore) se lèvent et vont faire un petit récital de chansons sud-américaines, avec un cousin à la basse.
Commotion dans l’entrée: je me précipite pour aller voir, mais ce n’est rien — ma belle-mère (une grosse femme brune aux cheveux frisés trop longs), un peu pompette, s’est cassée la figure sur les marches du perron. Le majordome essaye de la relever mais elle l’injurie. Je pars sur la pelouse, en riant aux éclats.
Mon grand regret: je me suis réveillé avant le concert de XII Alfonso. Zut alors.