#696

Je ne devrais pas regarder la télévision: c’est certainement très mauvais pour mon karma, et en tout cas excécrable pour ma pression sanguine. C’est plus fort que moi: voir Isabelle Giordano réciter des lieux communs en prenant des airs de grande prétresse intellectuelle, ça me fout en rogne. Un grand moment: à 11h21 ce matin, sur i-télé, Isabelle « robinet à clichés » Giordano nous a parlé des grelots qu’elle a dans la tête. Enfin la vérité!

Et ensuite, ce fut au tour de Philippe « binaire » Manoeuvre de glousser en nous présentant des aphones ringards, tandis que son collègue annonait péniblement des platitudes et pondait des euh.

Je crois que tous ces journalites prétendument « culturels » sont encore pires que tout le reste de la plèbe télévisuelle, tant à leur sottise et leur inculture ils rajoutent de suffisance bien pensante et de prétentions intellectuelles. Que l’on pende tous ces Michel Field et autres Gérard Miller, avec les boyaux de Pascale Clarck.

#695

>> Pelote de liens

Ma copine Michelle Bigot est une formidable « bidouilleuse d’images », comme elle se définit elle-même, et elle débute enfin un site, il était grand temps.

Mes copains Olivier et Guillaume ont décroché du blog, mais c’est au tour d’Aqwel d’en devenir accro: La Théorie du 1%.

Du Sherlock Holmes dans les oreilles: débordée par la demande, la Sherlock Holmes Society of London a été obligée de provisoirement cesser les téléchargements des dramatiques radio d’Holmes datant des années 1930. Espérons que cela reprenne vite!

Trop beau pour être vrai? L’immense pont reliant Oakland à San Francisco (le Bay Bridge) pourrait bel et bien se retrouver rebaptisé en l’honneur de l’Emperor Norton, le fameux excentrique du XIXe siècle. Lire à ce propos l’article du San Francisco Chronicle.

Ursula Le Guin n’est pas, mais alors vraiment pas, contente: l’adaptation TV de Terremer est toute pourrie. Ce qui n’a rien d’étonnant, pour qui vient de subir sur le petit écran français le massacre minable par les mêmes du Monde du Fleuve

Jean-Marc Lainé n’est pas content non plus: dans la plus belle tradition journalistique, Libération a raconté n’importe quoi sur l’arrivage Marvel au CNBDI d’Angoulème.

#694

Alors là, il me déçoit, Bertrand Delanoë: son coup de « je décide mais en fait pas vraiment », quant au réaménagement urbain complet du pavé des Halles… Non seulement il a désigné le projet le plus « bateau », le plus plat et peu audacieux, mais en plus il lui coupe les pattes d’emblée en anonçant qu’un autre concours sera lancé pour une partie du projet. Autant dire: pas de décision, si ce n’est celle de ne pas prendre de décision — et de n’avoir aucune vision, aucune ambition architecturale.

Un qui ne me déçoit pas, en revanche, c’est bien Francis Valéry: ce cher écrivain-érudit-excentrique vient de me livrer un article, remarquable comme toujours, et la 139e livraison de son fanzine A&A, récemment relancé. « Le magazine des survivants », qu’il sous-titre cette plaquette en photocopies, et de préciser qu’ils ‘agit d’une « publication culturelle et environnementale qui s’intéresse principalement à la science-fiction, à la bande dessinée, à l’art culinaire et au scotch wisky. Et aussi au feng shui et aux plantes aromatiques. Mais pas seulement. »

Incurablement autonome et remuant, appliquant sa formidable érudition à sa non moins insatiable curiosité, voilà quelqu’un qui peut bien parler de l’explosion de la production BD ou du micocoulier de Provence, établir l’historique du Tamdhu ou livrer des recettes de cuisine, rééditer un vieil article sur SF et religion ou bien encore tenir son minimaliste journal — il est tout le temps passionnant. Admiration. Seul regret: Francis étant de la vieille école, il ne s’est pas mis aux blogs et autres communications virtuelles. C’est donc sur papier uniquement qu’on le lira, en envoyant un abonnement de 20 euros à: Francis P. Valéri-Dostert, 3 le Canton 33620 Cubnezais.

#693

Depuis quelques années, je fais partie des heureux bénéficiaires des mails de voyage que l’ami Thomas Day nous expédie chaque fois qu’il est en Thaïlande — c’est-à-dire très souvent, puisque l’animal y passe bientôt la moitié de l’année.

Et je regrette un peu qu’il ne poste pas ses messages sous la forme d’un blog, parce vraiment ça vaut le détour! Alors tant pis, puisque c’est comme ça je vais lui pirater le post-scriptum de son dernier mail, que j’ai trouvé très amusant:

Bon, c’est pas tout ca mais faut que j’aille faire des courses avant la tombee de la nuit. Je vais en profiter pour acheter des vetements pour ma future fille adoptive… je soupconne d’ailleurs beaucoup de parents de faire uniquement des enfants pour avoir le plaisir de leur acheter des jolies petites chaussures, des jolis petites robes et des t-shirt avec des tetes de mort pour les garcons histoire d’en faire des hommes, des vrais.

#692

Sortant hier soir de voir Innocence – Ghost in the Shell II, j’ai eu l’impression que le film ne finissait pas. La marée orangée de l’éclairage urbain montait à l’assaut du ciel outre-mer déclinant, saturant la nuit, brûlant la rétine d’une vibration lumineuse. Le rugissement des voitures sous le centre-commercial se mêlaient à mon poul, battant la chamade de mon agoraphobie. Le long couloir lépreux, les parois de béton rugueux, le claquement froid des portes métalliques, les grilles et les marches d’escalier, puis l’asphalte du parking — tel un long travelling, le regard encore chaviré par une caméra chaloupante.

En bas, le turquoise électrique d’une enseigne d’hôtel grésille sur une façade de verre opaque, le bunker-monolithe de la bibliothèque scintille de quelques lueurs, les codes urbain de couleurs pointillent la chaussée: bleu brillant pour les passages piétons, glauque des affiches publicitaires rétro-éclairées, rouge/vert des feux de circulation, la flèche blanc-bleutée d’un tramway qui passe, le balayage blanc des phares, le violet pulsant d’une enseigne de bar, et toujours les fumerolles oranges qui montent des lampadaires comme un brouillard de photons.