Lorsqu’enfin l’on peut éteindre la rumeur du chauffage central & que les fenêtres s’ouvrent sur un plus-ou-moins beau temps, la ville pénètre jusqu’à mon bureau, là, derrière les stores vert tilleul, les hampes du tamarin, les feuilles lancéolées du potos & les dentelles dégouttelantes de la misère.
Par le biais de ma lucarne, depuis mon fond de cour, je vois briller les tuiles & filer les chats. Et puis surtout: j’aime à écouter le ressac urbain: le feulement d’une cheminée, l’intermittent souffle de la rue, un éclat de voix étouffé, les cris des mômes dans la cour d’école, deux aboiements de chien, le sifflement d’un merle, une moto grondante. Les plis & replis sonores de la vie citadine. Pas d’attention, juste une respiration en sourdine, vaste, à la fois éthérée & enveloppante.