Fête du livre jeunesse à Villeurbanne: cette fois la chance est avec eux, il fait un temps superbe, aux transparences estivales.
Devant la salle principale, caracolent d’étranges animaux extraterrestres (des yuoclund, que ça s’appelle), saisissants de réalisme: comme de gigantesques moutons arqués sur des pattes immensément hautes, le lainage long, le groin camus & sombre. Il ne leur manque que l’odeur de bouc pour être plus parfaitement réalistes.
À l’intérieur, beaucoup d’illustratrices/illustrateurs (of course) & je fais un grand effort pour ne pas me ruiner… Quelques connaissances, un gars qui sort de prison, un vieux copain perdu de vue depuis des lustres qui gère maintenant un beau site culturel (Sitartmag), l’illustrateur Philippe-Henri Turin (dont le talent avec un pinceau me sidère toujours), un journaliste que je connais depuis longtemps (il bosse depuis 19 ans dans son magazine, je suis resté 17 ans à la librairie: tout ça ne nous rajeunit pas, faisons-nous pour notre minute de vieux croûtons), mes anciens collègues…
Le couloir entre les deux salles s’habille en Nautilus: des hublots rutilants s’ouvrent sur d’étranges machines, des lumières, des formes merveilleuses.
Aller comme retour, une halte au pied des « grattes-ciel »: ces petites tours érigées dans les années 30 par l’architectecte Tony Garnier, en plein centre de Villerubanne, ne cesseront jamais de me séduire. Eles sont une sortes de folie hollywoodienne, un décor infiniment kitsch & par conséquent attendrissant, une beauté désuete dont l’aspect autoritaire (l’hôtel du ville est du pur stalinien monumental) a cédé, sous les années & les coups de pinceau blanc, à l’appel de cette curieuse mollesse urbaine dont Villeurbanne semble s’être fait une spécialité…