Sortant hier soir de voir Innocence – Ghost in the Shell II, j’ai eu l’impression que le film ne finissait pas. La marée orangée de l’éclairage urbain montait à l’assaut du ciel outre-mer déclinant, saturant la nuit, brûlant la rétine d’une vibration lumineuse. Le rugissement des voitures sous le centre-commercial se mêlaient à mon poul, battant la chamade de mon agoraphobie. Le long couloir lépreux, les parois de béton rugueux, le claquement froid des portes métalliques, les grilles et les marches d’escalier, puis l’asphalte du parking — tel un long travelling, le regard encore chaviré par une caméra chaloupante.
En bas, le turquoise électrique d’une enseigne d’hôtel grésille sur une façade de verre opaque, le bunker-monolithe de la bibliothèque scintille de quelques lueurs, les codes urbain de couleurs pointillent la chaussée: bleu brillant pour les passages piétons, glauque des affiches publicitaires rétro-éclairées, rouge/vert des feux de circulation, la flèche blanc-bleutée d’un tramway qui passe, le balayage blanc des phares, le violet pulsant d’une enseigne de bar, et toujours les fumerolles oranges qui montent des lampadaires comme un brouillard de photons.