>> En direct de la bergerie (6)
Ouf: Fiction est chez l’imprimeur depuis hier matin, et Acide organique y sera en fin de journée. Reste plus qu’à trouver vingt-cinq plumes de canard.
>> En direct de la bergerie (5)
Week-end de bouclage. Tandis que j’entre dans la maquette les corrections d’Acide organique, le recueil de David Calvo, effectuées par Joëlle Wintrebert (loué soit son nom), l’ami Gianji Régnier bûche au petit bureau en face de moi sur la relecture/correction des épreuves de Fiction tome un.
Ce midi, petite réunion d’une partie de la rédaction de Fiction: whisky et Gigondas, mais aussi boulot (un peu).
Bientôt la fin du marathon…
>> En direct de la bergerie (4)
Une nouvelle acceptée par Francis Valéry pour CyberDreams, chouette — mais pour quel éditeur?! Faut aussi que je retouche une nouvelle pour l’antho de Loevenbruck chez Bragelonne. Bouclé Sunk, déjà chez l’imprimeur, ouf. Presque terminé Acide organique et Fiction, pffou. Fatigué.
>> Intermède salon (3)
« Auteur local »: quoi de plus dérisoire? Un poussah béat qui divague sur le secret des pyramides et la médecine d’Isis; une dame BCBG d’origine vietnamienne, qui a publié ses souvenirs à compte d’auteur; un bonhomme aux traits aussi rugueux que sa prose, qui propose une étude du tas de cailloux voisin; un fat bronzé exhibant ses feuilles photocopiées à reliure boudin, « pour les enfants » qu’il dit; des poètes incompris, aux plaquettes fluettes; des marginaux de cambrousse, aux gribouillis tachistes; des vieilles dames egrotantes, aux photos jaunies; le caricaturiste obligé; et des associations d’incitation à la lecture, qui donnent envie de se mettre au cinéma…
Le tout dans un gymnase, échos brutaux et lumières trop vives, pour un public familial aussi étique que perplexe, qu’attirent les auteurs de BD présents en majorité. Dans tout ça, trois petits auteurs de SF, qui se demandent un peu pourquoi on les a invités. Pas mécontents, satisfaits qu’ils sont de la conférence impeccablement organisée (et financée!) par un bibliothécaire-fan hautement sympatique et compétent, ça change, mais tout de même: tout ça pour ça? Et combien d’autres salons identiques, chaque week-end, dans tant de bourgs en mal d’existence culturelle?
>> Intermède salon (2)
Un grand parc à la verdure gorgée d’humidité, une vieille fontaine moussue, l’hôtel aux créneaux vaguement mauresques érige sa façade hâlée dans un décor de rêve aristocratique anglais. L’intérieur poursuit ces contrastes: jonchant le sol en telle profusion qu’ils se chevauchent, des tapis couvrent le carrelage; la réception occupe l’essentiel d’une vaste véranda, et dans les salles attenantes, de nombreux tableaux cachent les murs. L’exhubérence du décor s’explique en fait par l’organisation d’une vente aux enchères — tout est à vendre. Dans la première pièce, mon oeil se trouve accroché par… un Monet? Certes pas, bien entendu: une copie. Détail amusant, le catalogue de vente ne précise nullement qu’il s’agit d’un faux, le donnant tout bonnement comme « Paysage d’automne ». Joëlle Wintrebert, ma collègue de conférence, y lit avec effaremment le texte crypto-juridique où le prétendu « expert » se dédouane de… tout. Enfin, le nom du peintre confirme ses dons de mimétisme: Flaubert. Pierre, pas Gustave. Dans la salle du fond, une collection de livres d’art et d ‘ouvrages critiques de l’époque des débuts des modernes — Paul Valéry, Théodore Duret, etc. Quel antiquaire ami du commissaire-priseur va donc se gaver de tout ça, vu la discrétion de cette vente?
De l’autre côté de l’hôtel, une terrasse domine un bassin où deux canards glissent sur l’eau verte. Une barque de la même couleur dodeline sur le bord. La percussion d’un pic vert retentit au sein des arbres dénudés, que gomme partiellement les rubans bleutés de la brume.