#950

Lu le troisième tome du Combat ordinaire de Larcenet. Puissant roman, toujours la claque.

Il me semble qu’avec le durcissement des rapports sociaux, une des choses qui tend à disparaître, c’est la notion de fierté dans le travail.

Ben moi j’suis fier: fier d’avoir un libraire qui m’appelle tout à l’heure pour me dire son admiration pour la couv du Jonas Lenn ; fier d’avoir relu L’été-machine de John Crowley que je publie en mai ; fier de publier ce roman qui est l’un des purs chef-d’oeuvres de la SF du XXe siècle (ah ah, très djeun’s, ça, mettre « pur » en mélioratif). Là je vais m’attaquer à la maquette de Ubik, le scénario, l’utime inédit de SF de Dick, et j’suis plutôt fier aussi de ce coup-là.

#949

Ce n’était pas prévu: ces jours-ci, comme je scannai et récupérai en OCR la traduction du roman L’Été-machine de John Crowley, à paraître en mai chez les Moutons électriques, tâche ô combien peu exaltante et routinière, je me suis forcément interrogé sur la manière dont présenter un tel texte. Et, après une éclairante discussion avec mon coloc, qui est aussi le gérant de la maison d’édition, je convins que je devais rédiger une préface.

Je suis donc en train de m’y atteler — et avec grand plaisir: j’aime écrire des textes de réflexion sur les littératures de genre, et improviser un article sous le coup de l’inspiration du moment m’est souvent très bénéfique (je considère ainsi la préface au premier recueil de Swann chez Folio-SF comme ce que j’ai écrit de mieux, alors qu’elle fut rédigée dans l’urgence et sans longue préméditation).

#948

Conférence sur Julien Green, hier soir. Seul de ces « écrivain si catholiques » que je connais vraiment. Etonnant combien tout ce cycle de conf aura été farouchement anti-clérical et gay-friendly, et ce dernier exposé, magistral, ne fit pas exception — alors que l’orateur n’était autre que le père supérieur de la communauté.

Considérant le père Martin, à l’humour pince-sans-rire et à la voussure érudite, et les élèves qui se tenaient non loin de lui — Théo à la beauté d’un Hugh Grant et Mayeul très vieille aristocratie —, dans cet environnement de maroquins usés et d’étagères vernies montant jusqu’au plafond, je m’imaginai aisément transporté dans quelque collège britannique hautement distingué.

#947

Hier, j’ai reçu un message extra-terrestre. Ou, du moins, l’imprimante de mon ordinateur en a reçu un.

Je lui avais gentimment demandé d’imprimer deux articles qu’il me fallait lire. Du premier, elle tira parfaitement la première page, puis à la deuxième ne livra que des variations sur le mot « science » à travers toute la page, puis se contenta ensuite de n’imprimer que la lettre « e » du texte. Passant à l’autre article, elle commença à en livrer une version en majuscules accentuées d’origine inconnue… J’arrêtai là les frais mais, depuis, un doute terrible me taraude: et si j’avais raté ainsi un message extra-terreste d’importance vitale?

En même temps, ils ont qu’à écrire en français, les extraterrestres, s’ils veulent qu’on les prennent au sérieux.

#946

Remis mon parrain à l’avion, après un week-end plaisant mais passablement éreintant, notamment à cause du froid cinglant. Impression d’être passé brièvement dans un univers parallèle, où je serais catholique et l’intime des curés.

Remis le troisième tome de Fiction chez l’imprimeur, ouf.

Reçu l’essai que j’ai co-écrit avec mon ami Raphaël Colson, Science-fiction une littérature du réel, déjà eu deux félicitations et une amusante engueulade.