#1075

C’est la dernière mode, dans le quartier près duquel j’habite: un bâtiment hâtivement construit dans les années 70 est moche? Hop: on le cache dans un coffrage en verre. Ils avaient déjà fait cela pour l’entrée du centre commercial, ils viennent aussi de bâtir un immense sarcophage de verre autour de la halle, et une sorte de trompette géante pousse devant la bibliothèque.

Sur le côté de cette dernière, sur le pavage en bois au bord des massifs fleuris, de multiples traces de bave, enchevêtrées et brillantes, indique que les lieux sont un havre pour limaces ou escargots.

#1074

Ce matin, je devais tenir un stand dans le cadre d’un marché aux puces, pour une connaissance, et puis finalement elle s’est dégonflée, je ne sais trop pourquoi. Dommage, ç’aurait été amusant. M’enfin, je suis quand même allé me promener à ce vide-grenier du quartier des Capucins, car j’aime ce genre d’évéments à la fois charmants et dérisoires, toutes ces drouilles déballées en vrac sur un bout de trottoir…

Les pentes de la Croix-Rousse se trouvaient donc bien encombrées d’une population bonne enfant, et j’ai même trouvé un bouquin intéressant — un « Time-Life » sur Londres de 1976, bien kitsch. Mais le plus amusant a quand même été de découvrir, tout en haut de la Montée de la Grand-Côte, sur le dernier stand, un exemplaire du Yellow Submarine sur Londres… volé à la bibliothèque de la Part-Dieu!! Il y avait encore les étiquettes… On est bien peu de chose.

#1073

Le train roule très lentement, par moments il permettrait même que quelqu’un monte à bord en pressant juste un tout petit peu le aps. Hum, il me semble que c’est une idée que j’avais trouvé dans L’Univers-ombre de Jeury, une de mes références en matière de SF utopiste — mais je ne suis plus certain. En tout cas, je me trouve effectivement dans une utopie. Mais dans une partie du pays très peu peuplée. Le train roule à son bonhomme de rythme au sein de grandes forêts de bouleaux, puis de pins, descend tout d’abord du plateau puis dans une étroite plaine entre les monts. Le train traverse un pont immense, en fait le sommet d’une sorte d’immense digue qui, d’un côté, retiens une forêt, et de l’autre plonge en à-pic au-dessus d’une brutale rupture des montagnes. Dans l’échancrure d’une profonde ravine, un vent fou souffle, souffle, le train s’immobilise parfois à cet endroit, juste le temps pour moi d’admirer la vue plongeante dans ce décoletté montagneux, aux deux pans couverts de grandes éoliennes. Elles tournent dans le vent, leur vrombissement empli cette passe, le train vibre un peu.

Au-delà… Eh bien, l’objet de cette narration étant que je trouve le sommeil, il s’agit généralement du point le plus lointain que je parvienne à atteindre avant de sombrer entre les bras de Morphée. Mais, parfois, il m’est arrivé de rêver la suite. Ou bien de partir dans le sens inverse — vers une ville bâtit dans le cône d’un ancien volcan. Ou bien encore, de poursuivre de l’avant et d’enfin arriver à ma destination, une ville construite comme une immense barrière en travers d’une vallée haute, une ville qu’il m’est arrivé de visiter en songe, sur son toit (ici, mon imaginaire se confond un peu avec celui qui avait présidé à la création de la Cité d’en Haut, dans mon premier roman) ou dans ses douces entrailles… Ah, mais gardons encore de la matière pour, peut-être, une prolongation de ce récit, un jour. J’en ai déjà beaucoup révélé, ces derniers posts, sur une sphère onirique très privée… Tout ça, je m’en souviens, sur la base de mes lectures de Transit de Pierre Pelot et L’Univers-ombre de Michel Jeury, avec une forte influence d’une image d’Alan Lee vue un jour dans un catalogue de beaux livres…

#1072

Ici, la narration varie selon les fois. Dans certaines occasion, je monte les marches jusqu’à la petite mezzanine qui surplombe les rails. Sur le mur, une carte en mosaïque me rév!èle l’aspect de ce monde — qu’il serait trop compliqué de décrire ici. La plupart du temps, cependant, je me contente de faire quelques pas sur le quai puis de rmeonter celui-ci vers la gauche, un train attendant à son extrémité. Je monte, il n’y a pas de battant à la porte des wagons blancs et fuselés. À l’intérieur, un seul compartiment mais pas de sièges, juste des tas de coussins multicolores répandue un peu partout au sol, des tables basses, des tapis couvrent le sol — une exhubérance vaguement orientale en complet contraste avec les parois d’un blanc froid, percées de simples vitres. Je passe dans un autre compartiment, même agencement. Il n’y a personne, de-ci de-là la haute silhouette d’un narguilé ou celle d’une théière lève la tête au-dessus du désordre de coussins. Tout est immaculé, parfois une paroi en métal blanc sépare l’espace de la porte de celui des coussins, des étagères y portent des cartons également blancs. Rien d’autre. Je n’ai aps l’occasion de remonter jusqu’à l’avant du train: celui-ci démarre. Lentement, très lentement. Je pourrais descendre en marche, si je le voulais.

(à suivre)

#1071

Il s’agit d’un bâtiment bas, tout en longueur. Je m’approche par le côté où une bâtisse rectangulaire s’appuie à la voûte de béton de l’édifice principal. Il s’agit d’un bar, une baie vitrée courant sur toute sa longueur à mi-hauteur, un peu comme dans le fameux tableau d’Hopper. Une petite porte vitrée s’ouvre à l’endroit où je fini par arriver, à l’extrémité du bar. Un comptoir de couleur noir court sur le mur du fond, des tables sont disposées sous la baie vitrée. À l’autre extrémité, une double porte s’ouvre sur le paysage de cailloux irréguliers. Le bar est vide, rien sur les tables, il n’y a même rien sur les étagères derrière le comptoir, tout semble abandonné. Je pousse une petite porte, face à celle par laquelle je suis entré. Une porte pleine, cette fois, peinte du même vernis noir que le comptoir et les tables.

Je me retrouve dans le hall de la gare: sur la droite, sous une mezzanine, sont les portes principales, deux battants massifs décorés de losanges de verre. Un escalier aux marches larges montent sur la mezzanine, qui surplombe les voies. Au-dessus de ma tête, la voûte se poursuit en verrière, entrelac familier de poutres métalliques sombres, c’est bien une gare — s’il fallait en douter: les rails sont là pour en attester.

(à suivre)