#1121

En parlant de vieux copains, j’en ai un qui a un jour décrit le « syndrôme de Philippe Caille »: la capacité d’un fan de SF à faire usage de la technologie est inversement proportionnelle à la fascination que celle-ci exerce sur lui.

En clair: hors de la fiction, les fans de SF sont généralement complètement incompétents en matière de technologie… D’ailleurs, je n’ai même pas le permis de conduire. Mais trop c’est trop, j’avoue avoir été pris d’un fou-rire ce matin, en ouvrant une enveloppe postée par l’anthologiste Richard Comballot: le cher homme me donne son sommaire… sur une disquette?!? Ah ah ah, mais comment veut-il que je lise cet artefact du passé?

#1120

Amusant exercice de quasi enquête policière: le petit message d’un copain de collège m’a donné la curiosité d’aller faire une recherche sur quelques noms d’amis d’enfance… Il faut dire que, mon père déménageant beaucoup pour son boulot, je n’ai jamais conservé d’amitiés de jeunesse, ai toujours perdu tout le monde de vue. Googler des noms de mon passé m’a donc permis de retrouver quelques traces…

Voyons voir, tel Jean-Marc serait donc devenu successivement haut fonctionnaire d’une DRAC, chargé de l’architecture, puis conseiller du ministre de la culture, toujours à l’architecture, et maintenant directeur d’une école d’archi à Lille? Well, il me revient effectivement en mémoire que son père était architecte et militant RPR, il ne serait donc pas surprenant que mon copain du collège ait suivi brillamment dans les pas paternels. Toujours niveau collège, rien en revanche sur Eric, dont la célèbrissime mère écrivain occulte toute recherche à son nom de famille. Et ce copain du lycée, Emmanuel? Ah, un site sur la biodiversité? La photo est petite mais ce semble bien être lui, né à Lille c’est forcément mon ancien copain. Branché vélo, biodiversité et développement durable: je le reconnais bien là. Enfin, recherché une copine du temps de mes études à l’IUT « Métiers du livre » et à la fac, Emmanuelle. Bingo: directrice adjointe d’un théâtre, ça lui va bien. À La Rochelle? Oui, je me souviens qu’elle était de là-bas, c’est donc bien elle.

Pas vraiment de nostalgie, simplement un léger amusement à suivre en filigrane des trajectoires de vie, toutes apparemment très en droite ligne des envies et goûts qu’ils exprimaient lorsque nous débutions ensemble dans l’existence. Et sans nulle doute en diraient-ils de même de mon propre trajet, j’imagine.

#1119

Suis allé hier soir à la nocturne de « Place aux livres », le salon du livre de Lyon, place Bellecour. Un grand chapiteau blanc, à l’intérieur nettement mieux aménagé que la première année (je n’étais pas allé à la deuxième): cette fois c’est bien éclairé, les tables sont décorées, jusqu’à des petites lampes et des fanions. Je m’interroge tout de même encore sur l’adéquation à trouver entre un salon qui ne présente que des petits éditeurs mais qui veut séduire le grand public: n’y a-t-il pas là un conflit d’échelle? Pour s’imposer, un tel salon ne devrait-il pas proposer aussi des stands de grands éditeurs — il n’y a même pas Glénat, le géant régional, ou Actes Sud, le géant sudiste.

Le stand des Moutons électriques est tenu par la librairie Decitre, qui a fait du joli travail. Ils recoivent aujourd’hui Andrevon et Fuentès, ce qui tombe plutôt bien puisque tous deux sont aus sommaire des Anges électriques. J’avais décliné l’offre d’un stand, à l’origine, car, outre que non motorisé je ne vois pas comment je pourrais avoir ce genre d’activités, il me semble tout de même qu’éditeur et libraire sont deux métiers très différents — et que je suis désormais directeur littéraire, pas chargé de vendre à la foire. Là encore, il me semble y avoir une sorte de conflit d’échelle.

Enfin bref, déambulé dans les allées à découvrir des tonnes de bouquins que je ne connaissais pas (tant de livres, tant de livres! ça m’effraie souvent, en tant qu’éditeur moi-même!), à papoter avec l’ami Sire Cédric dont le sourire s’orne de vampiriques canines, à taper la bise à ma patiente libraire Sandrine, à saluer Brigitte Chartreux la directrice de l’ARALD, à retrouver les adorables Jean-Emmanuel et Li-Cam de chez Organic éditions, enfin à bavarder avec Jérôme Vincent de chez Actu-SF. Passablement mondain, tout cela, avec champagne dans une étroite flûte en plastique.

#1118

Finalement, j’ai assez peu lu ces derniers temps. Mais tout de même: Spin et Bridge of Years de Robert Charles Wilson. Le premier est certainement un sommet en matière de science-fiction, renversant de beauté et d’ampleur de vue, tout en construisant des personnages plein de chair. Sidérant, littéralement. Le second est un roman nettement plus ancien du même auteur, donc assez mineur (Wilson ne cesse de progesser, c’en est presque effrayant), mais néanmoins très beau et touchant, un paradoxe temporel comme il les aime.

Le problème de Wilson, franchement, c’est qu’après: quoi lire qui soit aussi bien?

Sinon, j’ai retrouvé le goût pour les séries télé: Veronica Mars qui est une sorte de Buffy en polar, formidablement accrocheur, intelligent, marrant, violent, bref: une Nancy Drew pour le XXIe siècle, la claque! Pas trop compris ni apprécié Paranoia Agent, je dois avouer. Je m’amuse bien des Futurama, en revanche. Quant à Heroes, c’est une autre baffe: ce feuilleton sur des individus ayant des pouvoirs spéciaux est formidable (et paradoxale) de réalisme — et les deux Japonais sont adorables.

#1117

Concentration malaisée, ces jours-ci: les ouvriers ont commencé les travaux, juste en-dessous de chez moi. L’espace du rez-de-chaussée va être transformé en appartement. Ils ont déjà explosé le mur près des boîtes aux lettres, pour percer une porte d’entrée. Tout l’immeuble tremble, je sens venir la migraine.

J’ai l’impression d’habiter à l’intérieur d’une dent… chez le dentiste!