Et encore une autre conférence. Mais cette fois, à la bibliothèque près de chez moi. Le plasticien Jean-Marc Scanreigh, père d’un de mes meilleurs amis, parla de Picasso — artiste que je n’aime pas particulièrement. Mais avec une approche fraîche et originale: ainsi qu’il nous l’a expliqué après la fin de la conférence, en tant qu’artiste lui-même il trouve qu’à force d’études des oeuvres, celles-ci tendent à se désincarner. Lui au contraire défend la position biographiste (souvent décriée), comme méthode pour ré-incarner une oeuvre, lui redonner de la chair, la présence de l’homme qui était derrière la création. Et cette approche volontairement modeste prend un ton primesautier autant qu’un angle insolite: l’évocation de Picasso dans Paris-Match de 1949 à 1973! Ainsi que ses rapports avec la presse communiste. Le résultat fut plein d’humour, de tendre irrespect, d’érudition et de passion.
Archives mensuelles : janvier 2007
#1179
Hier soir, autre conférence, toujours aux Chartreux, cité scolaire catholique ô combien dynamique culturellement parlant. Le sujet était lui-même éminemment catholique, puisqu’il s’agissait d’une évocation de la vie de Pauline Jaricot, une sainte lyonnaise — ni béatifiée ni sanctifiée, ce qui fit l’objet ensuite d’un débat de spécialistes assez hallucinant de mon point de vue de mécréant. Là encore, c’est la qualité du conférencier qui m’attira en dépit d’un sujet très pointu et en dehors de mes références… Et Henri Quantin, auteur l’an passé d’une brillante communication sur Léon Bloy, ne me déçut pas, osant parler de cette pieuse femme avec moult jeux de mots et un enthousiasme pas bégueule. Le sujet était austère, sa présentation ne le fut point.
Je vais malheureusement manquer, mardi prochain, une autre conf, cette fois d’une copine musicologue, c’est bien dommage — mais je serais alors en train de faire le cacou sur France Culture (enregistrement: la diffusion sera samedi).
#1178
Hier soir, conférence sur les rapport de la littérature avec la photographie, par Gérard Macé. Passionnante, une communication très fine et cultivée, portant surtout sur Baudelaire et Lewis Carroll. L’auteur a terminé en évoquant brièvement ses propres rapports à la photo: écrivain lui-même (chez Gallimard), il ne pratique l’art du clic que depuis quelques années. Une question de l’assistance lui a permis de répondre… à mes interrogations de ces derniers temps sur le statut artistique d’une photo et sur les conditions de son passage au musée. Réponse très nuancée et assez pragmatique, ma foi. Il faudrait que je trouve le temps de lire Macé.
#1177
« Dans cette époque où pullulent les yogis, il est trop facilement accepté que le non-attachementest non seulement meilleur qu’une acceptation de la vie ici bas, mais que l’homme ordinaire le rejette uniquement parce qu’il est trop difficile à pratiquer: en d’autres termes parce que l’être humain normal est un saint manqué. On peut douter que cela soit vrai. Beaucoup de gens ne souhaitent en aucune manière être des saints et il est probable que ceux qui parviennent ou aspirent à la sainteté n’ont jamais éprouvé beaucoup de désir pour les êtres humains. Si on pouvait remonter jusqu’à leurs racines psychologiques, je crois qu’on découvrirait que le principal motif du non-attachement est le désir de fuir la douleur de vivre, et par-dessus tout, de fuir l’amour. Lequel, qu’il soit sexuel ou non, est un dur travail. » (George Orwell)
#1176
Ego! Je passe sur France Culture en compagnie de Xavier Mauméjean, le samedi 27, dans l’émission d’Angelier, « Mauvais genres ». On y parlera de la Bibliothèque rouge.