#1344

La littérature sérielle a encore quelques beaux jours devant elle, comme le prouvent les polars et thrillers à enquêteurs récurents, ainsi que les méga-séries à rallonge de la fantasy populaire. Il me semble cependant que, dans l’ensemble, l’art de la série télé a pris la relève de celui de la littérature populaire. Le rôle de divertissement de masse est sensiblement le même, le média est juste différent — plus efficace au niveau de l’agitation superficielle, c’est certain. Curieusement, alors que les films se multiplient, les producteurs télé n’ont pas encore réalisé que la fantasy pouvait aussi faire l’objet de séries. Mais la SF fait des beaux succès (la boutique NBC au Rockerfeller Center de New York débordait de merchandising sur « Heroes » et annonçait fièrement le lancement de « Bionic Woman », de toute évidence un remake des bons vieux Super-Jaimie), et je viens de me régaler de quelques épisodes d’une série britannique qui fait le pont entre les « teenage detectives » et la SF: « Sarah Jane Adventures », un spin-off des « Dr Who » destiné au jeune public.

Revu aussi un segment de la 3e et dernière saison de « Veronica Mars », en me délectant notamment de ses clins d’oeils: allusions à « Desperate Housewives » et à « Oz », scène en hommage au « Big Leibowski » des frères Cohen, pseudonymes délibérés (Adrian Monk dans un épisode, Carson et Nancy Drew dans un autre). Rob Thomas et son équipe avaient tout compris du plaisir de la littérature/série populaire et de leur mythologie.

#1343

Pour demeurer dans le mode « geek », j’ai également regardé, récemment, la mini-série américaine « The Lost Room ». Superbe suspense, idées très intrigantes, c’est un divertissement très réussi. Je ne peux cependant m’empêcher de me dire, anglophile que je suis, que réalisée par les Britanniques, cette série aurait certainement été à la fois plus percutante et plus originale… « The Lost Room » est chouette, mais sa force se trouve atténuée par des sottises typiquement américaines…

Genre: wow, trop fort, une clef qui ouvre toutes les serrures du monde!! Ben non: c’est une clef plate, genre coffre, qui n’ouvre que les serrures que l’on trouve au milieu des poignées de porte rondes typiquement américaines… Ou encore: les Objets sont disséminés dans le monde entier! Ben non: sur la carte qu’ils nous montrent, le « monde entier », c’est juste, quelle surprise… Les États-Unis. Ah ah! Et puis il y a les pitinenfants obligatoires: la gamine du héros, blonde et bouclée à souhait, et le fils mourant du « méchant », grands yeux de biche à souhait. Pitié… Tous ces américanismes excessifs, tous ces gros clichés de fonctionnement, amoindrissent une oeuvre qui aurait pu être de première volée, avec un peu de recul sur leur matière.

#1342

Mode « geek » on: je viens de voir la troisième saison de « Veronica Mars » et c’est toujours aussi excellent. Hélas, je viens aussi d’apprendre que la série a été sabordée par la chaîne. Zuuuut.

Musique: Neil Young, Andrew Bird, Elvis Perkins, « Shine » de Joni Mitchell, les premiers Stephen Stills solo. J’espère que c’est pas un vilain virus « country » que j’aurai choppé à NYC.

#1341

Sur le New Yorker, un remarquable (et fort long) article sur l’avenir de la lecture et du stockage web des oeuvres (merci Daylon).

« The rush to digitize the written record is one of a number of critical moments in the long saga of our drive to accumulate, store, and retrieve information efficiently. It will result not in the infotopia that the prophets conjure up but in one in a long series of new information ecologies, all of them challenging, in which readers, writers, and producers of text have learned to survive. »

#1340

Ce matin il était trop tôt pour se lever, je voulais dormir encore un peu. Alors j’ai rêvé. Ça a commencé par les dômes dorés de Montpellier, toute de minarets élancés brillant dans la lumière rasante de l’automne. Contemplant la ville par la fenêtre d’un palais, je me suis dit que le Camelot du roi Arthur n’avait jamais été aussi beau. Ensuite j’ai fait mes bagages et je suis parti, parce qu’il me fallait rallier Valence et que la route était longue: ce n’était pas l’histoire qui avait viré uchronique, mais la géographie. Par conséquent, la France se retrouvait grande comme les États-Unis, et les villes de Provence s’égrénaient sur la nouvelle côte avec de longs kilomètres de distance. J’avais tout de même hâte de rentrer à Lyon, pour en admirer les grattes-ciel.