Culte.
Archives mensuelles : avril 2008
#1421
Travailler sur le Frankenstein, et, pour une partie, sur le Dracula, ç’aura été me plonger dans le XVIIIe siècle et le début du XIXe, dans les Lumières et du côté de la Suisse, rencontrer La Mettrie, Vaucanson, Descartes, Erasmus Darwin, les Illuminatis, Cazotte, Sterne, Potocki, mais aussi Rousseau, Byron, Shelley, Trelawny, Hoffmann, Wilde, Stoker…
Ayant une image visuelle du XVIIIe plutôt marquée par Kenneth Brannagh, Peter Greenaway et Tilda Swinton, par exemple, je tâche par la musique d’entretenir cet équilibre entre véritable XVIIIe et vision post-moderne: j’écoute beaucoup de Philip Glass, du Michael Nyman, du Jean-Philippe Goude, et le « Orlando » de Sally Potter.
#1420
Les Lyonnais vous diront peut-être le contraire, mais croyez-en un ancien Bordelais: il pleut assez peu à Lyon. Ce matin est donc la première occasion que j’ai eu d’utiliser le bô parapluie de chez Smith & Sons acheté en début d’année à Londres. Une vraie bonne grosse pluie, qui bruisse sur les tuiles d’en face et fait étinceler les vitres de petits éclats brutaux, si agréables lorsqu’on est de retour à l’abri de son bureau.
Peu de propos en ces pages ces temps-ci: j’achève la maquette du Dracula et trime sur le Frankenstein. Cependant que, depuis trois semaines, ma cuisine s’emplissait d’éclats de rire, de longs palabres et de la fumée jaillissant de la cervelle que mes deux squatteurs, en pleine rédaction des six plaidoiries successives nécessaires au concours d’éloquence auquel ils participaient. Hier soir ils ont gagné: bravo. Émotion. Victoire d’autant plus satisfaisante que leurs derniers contradicteurs firent assaut de propos passablement réactionnaires, tandis qu’Axel clamait haut et fort de subtiles rhétoriques très républicaines. Cela séduisit apparemment monsieur Jean-Louis Debré, si l’on en juge par ses sourires ravis et l’accolade paternelle qu’il donna à mon jeune camarade à la fin. Que de jolis paradoxes. Et beaucoup de rires: jamais je n’aurais songé fréquenter ainsi les couloirs, les salles et les amphis de la fac de droit, mais j’aime les bavards et fus admirablement servi.
#1419
#1418

Eh bien, il est certain que ça ne me rajeunit pas… Il y a 25 ans, un matin, je me rendis sur les quais, à Bordeaux, pour faire tirer les 4 pages d’un nouveau fanzine: Yellow Submarine. D’abord cette feuille de chou fut gratuite et hebdomadaire. Puis comme le fanzine d’infos d’un copain s’arrêtait, j’en repris un peu la formule. Puis le fanzine passa mensuel, pendant très, très longtemps. Fut un temps, il hérita même d’un dos carré, mal collé par un reprographe vietnamien d’auprès de la gare du Nord… À cette période-là, il se retrouvait l’unique revue régulière de la SF en France. Et puis Galaxfrost sont nés, et le fanzine muta en livre-revue irrégulier…
Il faut croire que j’ai de la suite dans les idées, car voici que 25 années plus tard… un nouvel opus dudit Yellow Submarine est arrivé hier, en stock aux Moutons électriques, son nouvel éditeur. Envies d’utopies, c’est le titre de ce n°133: une envie déjà ancienne, repoussée pour diverses raisons, puis longtemps en chantier, puis encore retardée pour encore d’autres diverses raisons… Mais enfin, voilà, il est paru! Joie, bonheur, soulagement, fierté (Serge Halimi!), tout ça. Et un brin d’émotion, quand même: j’en ai tant rêvé, de ce volume-là…
