#1492

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Notre sujet étant l’établissement d’un panorama aussi large que possible de l’histoire de la science-fiction, nous avons consulté les nombreux ouvrages consacré à ce sujet — en général des ouvrages anglo-saxons. Et même chez les commentateurs les plus iconoclastes et controversés, Aldiss et Disch, on sent bien qu’heurte leur sensibilité nationale le fait que Jules Verne ait été français. Ils font donc appel à l’influence sur Verne des traductions de Poe par Baudelaire, pour le rattacher tout de même à la culture anglo-saxonne. Mieux : Disch diagnostique que Verne était un « Américain manqué » (au prétexte qu’il met souvent en scène les États-Unis), tandis qu’Aldiss parle à son propos d’utilitarisme — la philosophie américaine de base. Ce que ces chercheurs omettent fort commodément de considérer, c’est que Jules Verne fut tout de suite traduit en anglais et connu un immense succès dans tous les pays lisant cette langue. Un universitaire britannique, Edward James, rétablit enfin les perspectives : « Ses ‘Voyages extraordinaires’ science-fictionnels majeurs furent traduit en anglais peu de temps après leur publication. A Journey to the centre of the Earth (1864) paraît à Londres en 1872 et à New York en 1874 ; From the Earth to the Moon (1865) est publié à Newark, New Jersey, en 1869 et accompagné de sa suite, Round the Moon (1869) à Londres en 1873 et à New York en 1874 ; Twenty Thousand Leagues under the Sea (1870) paru à Londres et New York en 1873, et ainsi de suite. [Verne] fut aussi très largement imité en Europe et aux États-Unis, et fut une influence sur les tout premiers magazines américains de S.-F. presque cinquante années après la parution de ses plus grandes œuvres […]. À partir de son premier numéro en 1926 et durant plusieurs années, Amazing Stories présenta sur sa page de titre un dessin de la tombe de Jules Verne à Amiens, représentant l’immortel Verne en train de soulever le couvercle de sa tombe pour observer son propre futur. »
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