J’aime vraiment bien mon médecin. C’est un petit râblé à la peau rouge et à la grosse moustache grise, les doigts courts. Je m’estime heureux d’avoir déniché un docteur qui parle de sa passion pour Picasso — qu’il a découvert à l’âge de 13 ans, par un bouquiniste — et vous demande quelles expos vous avez vu lors de votre dernier passage parisien. Physiquement, il me fait penser à Serge Reggiani: ces gros yeux tristes entourés de plis, cet aspect bourru et amical.
Archives mensuelles : septembre 2008
#1508
J’apprends avec tristesse la mort de Raymond Macherot. Pour moi qui suis ô combien admirateur de l’école de Marcinelle, ce dessinateur était un des grands. Une fois, j’ai eu l’occasion d’admirer de ses planches originales, chez Avril qui en possède dans sa collection: admiration ! Et il n’y a pas très longtemps, un autre dessinateur, David de Thuin, me montrait le très bel hommage qu’il avait dessiné — commandé par une des anciennes directions de Spirou mais jamais publié. Le même David me disait à l’instant, avec raison, que Macherot « a toujours été massacré au niveau éditorial. » Au moment où je me régale des intégrales très soignées que Dupuis consacre aux Johan & Pirlouit de Peyo, on pourrait pourtant rêver d’un travail aussi beau sur Macherot… (et je vois sur le site de Livres-Hebdo que ce serait en projet)
#1507
« Des fumerolles s’élevaient encore des ruines du bâtiment lorsque je parvins à y pénétrer. L’incendie avait dévoré les laboratoires, le métal de leurs parois partant tel du papier dans les flammes. Ces gros coffres au blindage cabossé, disposés derrière les étables, servaient jusqu’alors d’abris pour les travaux d’analyse de la laiterie. Il n’en restait plus que d’affreux chicots noircis, distordus, des carcasses déchiquetées dont l’une avait roulé sur les caillasses jusqu’à un bouquet de jeunes pins. Ayant stoppé la course de l’ancien frigo, les arbres avaient commencé à brûler à leur tour. L’un était parti en torche, jusqu’à faire explosion. Les trois autres ne tendaient plus vers le ciel que des pieux calcinés. »
Les Vents de Spica, premier paragraphe…
#1506
Reçu Les Vents de Spica, la suite de mon roman La Cité d’en haut, qui sort chez Rivière Blanche début octobre. Chic chic! Très envie d’écrire la suite — mais faut déjà que celui-ci marche correctement. Le cycle devait être en quatre tomes — un par saison.
Le précédent, chez Mnémos, n’a pas fait trop d’étincelles, d’où leur refus de me suivre. Un libraire me disait l’autre jour qu’aussi il n’était « pas facile ». J’ai fait bonne figure mais en mon for intérieur était stupéfait et atterré d’une telle opinion. Pas facile? Alors que c’est essentiellement de l’action et de l’enquête? Mais où va le monde mon bon monsieur… En tout cas, j’ai l’impression que La Cité d’en haut fut en partie victime, d’une part d’une couverture sans doute pas super accrocheuse (quoique assez jolie, je trouve), et d’autre part, du fait que pas mal de monde n’a pas réalisé qu’il ne s’agissait nullement d’une réédition de mon premier essai en la matière mais de sa réécriture complète et (surtout) de toute la suite — Des ombres sous la pluie, mon petit bouquin autrefois paru chez Étoiles Vives, n’en représente qu’environ un tiers. Ceci dit, je n’ai jamais eu le moindre relevé de ventes sur La Cité d’en haut — non plus d’ailleurs que sur les Ombres.
#1505
Ce matin, il y avait un grand espace vide au marché. Avec juste une chaise sur laquelle était posé un bouquet de fleurs, et une feuille A4 scotchée au dossier: le marchand de légume est mort le 16 septembre. Je ne le connaissais que de vue, bien sûr, une figure familière, un grand homme souriant et énergique, sur le stand duquel j’achetais souvent fruits et légumes.
Pas évoqué ici le suicide de David Foster Wallace, tant d’autres le font infiniment mieux que je ne le pourrais.
Il fait beau, pas trop froid. Carmilla court en gloussant dans tout l’appartement. J’ai acheté une branche de lys blanc, au marchand de fleurs, comme souvent.
J’écoute surtout The Geese and the Ghost d’Anthony Phillips, en ce moment. CD remasterisé, pure gemme. « Look, see how the world goes round. Look, see how the day goes on.«
