#1778

Lu (ou relu) les neuf tomes de De cape et de crocs. C’est aux sources de l’imaginaire science-fictif que plonge cette formidable saga : Don Lope de Villalobos y Sangrin, le noble hidalgo, et son compagnon d’aventure le gentilhomme français Armand Raynal de Maupertuis, évoluent dans un univers qui tient tout d’abord de Voltaire (avec aussi l’Avare de Molière), emprunte aux récits de piraterie et aux voyages des grands explorateurs, puis plonge tout droit dans l’œuvre de Cyrano de Bergerac — en montant sur la Lune, astre d’utopies pacifistes, de poésie comme seule monnaie et de figures stylistiques incarnées dans le paysage. Le moindre des miracles de cette bande dessinée sans pareille n’est pas de parvenir à toujours rebondir, à toujours surprendre, à esbaudir et à faire frémir, avec tant d’éléments apparemment disparates. Les beaux exploits du loup et du renard (ainsi que d’un petit lapin) résonnent des échos des sciences, philosophies et fantasmes des XVIIe et XVIIIe siècle, alexandrins et vers galants forment l’essentiel des échanges, ça grimace et ça galope, ça ferraille et ça pourfend, et au scénario furieusement culotté d’Alain Ayrolles répondent les dessins incroyables de précision et de surcharge (pourtant éminemment lisible) de Jean-Luc Masbou. Un miracle de jubilation.

#1777

Râh là là, c’est affreux ce que je me lève tôt, avec ces travaux chez moi.

C’est étonnant, la bédé: les choses étranges et intellos que l’on peut y publier! Lu hier Flaubert la dernière ligne, de Jacques & Casenave, publié chez les Rêveurs, la boîte de Larcenet. Belle et étonnante évocation de la vie de ce cher Gustave. Depuis mon ancien coloc, j’ai choppé le virus flaubertien et dans les derniers temps où j’étais encore en fonds, je m’étais payé une série de reliures anciennes, en cuir, des différents Flaubert — mais je n’ai toujours pas Bouvard et Pécuchet, sapristi, c’est le dernier Flaubert que je n’ai pas encore lu. Faudrait que j’en trouve une belle édition.

#1776

Pas folle la Poste, elle sait bien ce que valent ses services: elle se fait donc livrer ses fournitures (imprimés etc.)… par transporteur privé! Je viens d’assister à ça pendant que j’étais au guichet. La postière, assez embêtée, reconnu qu’effectivement, la Poste ne se livre pas elle-même.

#1775

Fini de regarder les six épisodes du nouveau Prisoner américain. Moué, tout ça pour ça? L’esthétique est intéressante, Ian McKellen formidable, le môme très agréable à regarder, mais… la résolution est terriblement plate. Le concept est désamorcé par le fait qu’il ne s’agit pas d’un complot gouvernemental (services secrets) mais juste d’une entreprise privée ; et par les visées finalement humanitaires du boss de la boîte, à la fin. Bref, une fois encore les studios américains nous livrent un remake idéologiquement émasculé, une réécriture clinquante mais inoffensive.