Lorsque parfois je me réjouis de lire « uniquement pour mon plaisir », ce qui arrive assez rarement en dehors des bédés, je sous-entends bien sûr que tout le reste du temps, je lis avec en arrière-pensée telle ou telle recherche, la documentation propre à un projet d’essai, le matériau d’un article ou d’une publication des Moutons électriques. Mais il me faut tout de même bien avouer une certaine hypocrisie à exprimer ainsi une forme de soulagement: en réalité, bien sûr, j’adore lire avec une arrière-pensée. Cela donne à mes lectures d’autres profondeurs, une « tâche de fond » intellectuelle qui est généralement plaisante. Ainsi viens-je de finir de lire les 6 premiers « Bryant & May » de Christopher Fowler — avec un intense plaisir, et peut-être en reparlerai-je ici — tout en songeant à un bouquin sur Londres. De fait, mes réflexions de travail tournent en ce moment sur mes obsessions principales et récurrentes: Londres et le Royaume-Uni, en vue de la rédaction/direction possible de volumes sur les fictions de Londres, sur le mythe anglais et sur l’imaginaire du Blitz. Et donc d’embrayer sur Capital de Maureen Duffy, roman sur Londres datant de 1975, dont j’avais lu une recommandation par Moorcock et que je viens soudain de retrouver, à la faveur des séismes secouant mes pénates, transformées en salle des archives selon Franquin.