Ce qui me fascine, dans le travail d’essayiste, c’est que chaque sujet me permets d’élargir mes horizons — aussi pointu que puisse paraître ledit sujet. Ainsi par exemple, je commence actuellement à travailler en vue de la rédaction (avec Xavier Mauméjean once again) des Nombreuses vies de Nero Wolfe, pour la Bibliothèque rouge. Certes, je lis et relis tous les romans et novellae de ce cycle policier, j’étudie de près les livres qui lui ont été consacrés, les entretiens et la bio de l’auteur (Rex Stout). Mais au moins aussi important est la documentation sur le contexte: la remise en contexte, oui, voilà tout ce qui fait la richesse d’un tel essai littéraire.
Par exemple: tel petit bouquin ancien prêté par Xavier, sur la Serbie de l’entre-deux-guerres (Nero Wolfe est d’origine monténégrine). Et puisque Nero Wolfe et son acolyte Archie Goodwin évoluent dans le New York des années 30 à 50, essentiellement, et que leur maison sur la 35e rue ouest est si importante, presque un personnage à part entière, je viens de lire un passionnant essai sur l’histoire de l’architecture américaine. Puis un énorme bouquin illustré sur les maisons ordinaires de New York (les « brownstones » — ci-dessus: le perron de chez Wolfe dans les années 40) et, partant, sur l’urbanisation de cette métropole. Et là je me plonge dans un essai sur l’art américain du XXe siècle. En attendant de mettre enfin le nez dans un catalogue sur Alfred Steiglitz et les photographes new-yorkais du début XXe, que j’avais acheté il y a une éternité, ainsi que dans l’histoire de l’urbanisation de NYC par Rem Kolhaas, idem.
De fil en aiguille, j’acquiers ainsi une vision du New York et des États-Unis de ces années-là, au-delà de Nero Wolfe — personnage qui, contrairement à son contemporain Perry Mason (pauvre car faussement intemporel), est fermement ancré dans son époque et les événements courants. Et rien de tout cela n’est gratuit, inutile: j’y glane quantité d’éléments susceptibles d’alimenter/enrichir la bio de Wolfe et Goodwin. C’est passionnant!
Tandis que pour un projet de roman, je lis et me documente sur les pirates et sur l’écologie des mangroves…
Vous êtes des malades, vous le savez, ça?
De grands malades.
… Qui plus est, André, tu te mauméjeanise :]
ou bien n’est-ce pas également Mauméjean qui se rualdise, hein? les échanges c’est dans les deux sens! 😉
Je confirme ce que dis Daylon, et ça me plait tout cela !
Hum, je comprends ça, moi.
Mais ce qu’il te manque André, c’est d’aller à New York pour te faire une idée précise!
c’est certain: je prévois ça pour septembre prochain, si tout va bien! 🙂