Je lisais hier soir une nouvelle de Wodehouse avec ses personnages fétiches Jeeves et Bertie Wooster, et comme de juste en lisant ces dialogues j’ai entendu les voix de Fry et Laurie. Pour moi, leurs voix sont dorénavant celles des deux personnages, impossible de me les retirer de la tête. De même que lisant du Hercule Poirot, j’entends forcément la voix et l’intonation particulière que David Suchet a créé pour le personnage (et c’est vraiment une création, puisque l’acteur fait grimper sa voix de deux octaves pour cela). En revanche, pour moi Lupin n’a pas de voix — pas plus qu’il n’a de visage, c’est l’étrange caractéristique du gentleman-cambrioleur, par définition.
Mais le plus fort, c’est toujours Sherlock Holmes: avec lui, ce sont les acteurs qui deviennent Holmes, ce n’est pas Holmes qui prend leur voix. Holmes est, il existe, on le reconnaît à travers ses différents interprètes. Au point que même un jeune homme comme Benedict Cumberbatch peut être reconnu comme une excellente incarnation de Holmes alors qui ni son âge ni son époque ne correspondent.