Émilie Simon, concert à Lyon
Après le p’tit tour & puis s’en vont de deux pas doués genre sous-France Inter, ouf, quel ennui, voici de nouveau la scène vide. Dans les enceintes, une disco monte, typique de ces vieilles scies redevenues « branchées » en ce début de XXIe siècle… Vous avez dit « branché »? Un roadie apporte une chaise: verte, la chaise, une beauté design triangulaire d’un vert pomme aiguë. Et qu’est-ce donc que cette forme en plastique, sur le devant? Comme l’entassement de trois tabourets Knoll qui surmonte un mini-dôme transparent. Le tout bourré de bidules électroniques: la version seventies du savant fou?!
En parlant de savant fou, voici qu’arrive l’électronicien du groupe, petite barbiche & t-shirt genre Emmental (plus de trous que de tissu). Suivi par l’élégance du guitariste & du contrebassiste, tous deux vêtus en costumes velours marron & grands cols de chemise, ah, il n’y a pas: ça va être de la musique design! La claviériste au look Everything But the Girl se glisse derrière ses instruments, tandis qu’enfin voici la belle: Émilie Simon. En Tara King version légèrement borg: jupette N&B mais sur le bras gauche quelques instruments futuristes, gros boutons & leviers graciles.
Les notes naissent: sifflements diffus, bruits électroniques, puis éclatent des noisettes électriques, rondes & craquantes, avant que notre douce Tara King n’élève sa voix de petite fille. Bientôt je suis immergé dans ces couches & ces couches de sons subtils, morceaux trop brefs (flûte le format chanson!) mais si doux, si étranges, si nets aussi. Acoustique & électro se conjuguent sans heurt, quant à l’étonnant totem, c’est encore une machine à sifflements: Émilie y domestique les larsens, tandis que ses prothèses borgs lui servent à jouer de l’effet sur sa voix. Magique & technologique! L’élégance parfaite. Et tant & tant de rappels, jusqu’à une divine reprise de Kate Bush. Comblé, conquis, je fus: son grain de voix fit mon bonheur.