#249

Noté le mercredi 5 juin:

Depuis que j’ai découvert le Regent’s Canal, je crois bien qu’il est devenu pour moi une sorte de symbole, un «espace idéal» de tranquillité au sein de l’agitation urbaine. Je ne suis pas plus tôt sur le chemin de halage que je ressens une formidable sérénité – je me sens calme, vraiment, tandis qu’en général je suis excité par le fait d’arpenter les rues de Londres. Both are agreeable, all right, but this isn’t the same feeling. This one is a feeling of contemplation, of being well centrered.

Anyway, pas grand-monde à Camden Market en ce matin légèrement pluvieux, et la boutique où je voulais retourner (Auraucaria) afin d’acheter un nouveau plaid en batik, est close. Tant pis, je déambule les aléles familières dans cette odeur d’encens qui semble consubstantielle à ces lieux ô combien babas. Il est trop tôt, hélas, pour que je profite des stands de bouffe chinoise. Cette ballade parvenant à son terme, je vais reprendre le métro à Camden Town et, sur un coup de tête, décide qu’il est temps que je fasse mes achats chez Muji – il y en a un à Tottenham Court Road, j’y ai déjà fait un peu de « repérage ». Ceci fait, je rentre à l’hôtel déposer mes achats – en reprenant le métro à la station Olborn car sinon les méandres de la Northern Line sont trop pénibles. Puis demi-tour : Piccadily Line again, mais pour Covent Garden. J’ai lu ces dernières semaines une histoire du métro londonien (tout en parcourant un autre bouquin, plus amplement illustré, sur les transports publics londoniens en général), il est donc temps de compléter ce savoir tout neuf en voyant pour de bon les engins concernés : London Transport Museum.

Et je ne suis pas déçu : quoique les lieux me paraissent assez bordéliquement agencés (et que la pléthore de gamins piaillant n’arrange pas les choses : c’est le problème des musées londoniens en semaine, ça, les classes de mômes…), peu m’importe : qu’il est séduisant de voir, de mes propres yeux, en vrai, de toucher du doigt, de monter dans, les grands véhicules sur lesquels j’ai tant lu : les « omnibus » de la London General Omnibus, immenses coches à cheval ; les bus de toutes les époques ; et puis surtout : les wagons de métro. Il y a même vers la fin de la visite (je désespérais presque) un de ces fameuses « padded cells » (des wagons aveugles des tous débuts). Et une locomotive à vapeur – seuls regrets : ils n’exposent pas de locomotive « camel back », non plus qu’aucun exemple de cab à cheval, mode de transport pourtant omniprésent autrefois (les « hansom cab » chers à Sherlock Holmes, par exemple). De toute évidence, ce musée considère que les taxis ne font pas partie des transports en commun – hum, un point de vue un peu étrange… Je grimpe dans divers wagons – voyage dans le passé, il y a même encore les publicités d’époque (dans un wagon des années 30 il s’agit cependant des pubs des années 70, époque où il fut décommisssionné). Je reconnais au passage le plus récent de ces objets du passé : hé, mais j’ai connu ces wagons-là, moi, au début où je venais à Londres !

Pause au café du musée : je n’ai pas déjeuné. Dehors, une grosse pluie noie Covent Garden sous des trombes. Le temps s’est dégradé sérieusement, quoiqu’il fasse toujours bon. J’avais pensé me rendre ensuite au Courtauld Institute mais au diable l’art, un musée par jour c’est assez : j’ai envie de me promener sans trop de but…

Quartiers de Covent Garden, St Giles, Soho…. Un passage à la librairie Murder One… Repérage de pubs où je mettrais bien Bodichiev en scène : le cher homme a un net faible pour ces établissements – j’ai acquis un guide des pubs, d’ailleurs passionnant. Le temps devient assez déplaisant, grosse pluie. Je remonte à pied vers mon hôtel, quand même. Sur une petite place retirée, tranquille, une cabine téléphonique rouge à l’ombre d’un grand arbre – pas un bruit de circulation, coup d’œil à ma montre : oui, Olivier sera peut-être à la maison. Que je sache s’il passe en licence – et comment vont les « filles ». Car les chattes me manquent un peu, c’est bête à dire… All is well, Olivier & ses copains ont leurs exams. Petite tchatche, puis remontée sur King’s Cross où, après m’être déchargé de quelques achats, je file dans un pub (flûte, pas noté son nom). Je vais sans doute y passer la soirée, en compagnie d’un bouquin (l’anthologie de fantasy « The Green Man », excellente). Pas de sport envahissant ici, la télé est toute petite sur le comptoir, ouf.

Pourtant, vers 8h j’ai des fourmis dans les jambes : je retournerai bien ma balader. La pluie s’est calmée. Que faire ? Waterstone, à Piccadily : ils ne ferment qu’à 11h. Métro, librairie, browsing – tiens, au fait, faut que je trouve quelque chose pour la Fête des Pères, tant qu’à faire, puisque je débarque chez mes parents ce jour-là. Lorsque je ressort de chez Waterstone, la pluie s’est refaite diluvienne. Je me presse vers la bouche de métro.

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