Vu hier soir un chouette téléfilm: Murder Rooms. Pilote d’une série actuelle de la BBC, qui met en scène la jeunesse d’Arthur Conan Doyle & son partenariat avec le professeur Joseph Bell — plus tard inspiration première du personnage de Sherlock Holmes. Ça se déroule en 1878 à Edimbourg, autour d’une série de morts mystérieuses que la police néglige. Le personnage du professeur Bell est joué avec une réjouissante maestria par Ian Richardson (qui avait déjà joué Holmes, dans un téléfilm des années 80 que je n’ai pas encore vu), il a bien des traits d’Holmes avec une personnalité différente, de vieux prof excentrique & génial.
La photo est soignée, le scénar bien fichu: un excellent film holmésien. J’attend avec impatience de récupérer le début de la série — pas diffusée en France, hélas.
Amusant comme le moindre personnage secondaire de la saga de Sherlock Holmes prend de l’importance dans les différents pastiches qui sont réalisés: il y a des romans sur les enquêtes de Mycroft Holmes (le grand frère), sur celles de l’inspecteur Lestrade (une série de comédies à la Wodehouse très marrantes, franchement décalées, où Holmes est en fait un crétin fini), d’Irène Adler (notamment les excellents romans de Carol Nelson Douglas), de Mrs Hudson (alors ça en revanche c’est effroyablement mauvais & ridicule!)… La française Béatrice Nicodème a même publié plusieurs très chouettes petits polars pour la jeunesse, mettant en scène l’un des Baker Street Irregulars. Et bien entendu, Doyle lui-même est appelé à mener l’enquête dans diverses oeuvres…
Mais le plus curieux dans toutes ses incarnations du mythe d’Holmes, c’est sans doute que l’on « récupère » le vénérable Professeur Bell, dans la réalité un simple prof de médecine de l’université d’Edimbourg, pour en faire le real life Sherlock Holmes!
Joann Sfar a commencé chez Delcourt une série de bédé sur le personnage — dont Hervé Tanquerelle va prochainement reprendre le dessin, ouf: je n’avais pas aimé le deuxième tome, et Sfar lui-même a reconnu récemment qu’il ne parvenait pas à « traiter » correctement le dessin nécessaire à une telle ambiance. Avec Tanquerelle ce devrait être bien.
Et maintenant Murder Rooms… Décidément, ma Holmes-mania n’est pas prête à s’éteindre faute de « nourriture »!
Tiens, à propos, ai-je dit ici que j’avais lu un recueil des enquêtes de Solar Pons, par Basil Cooper? Solar Pons est une copie de Holmes réalisée à l’origine par August Derleth — je n’ai jamais eu l’occasion de lire les Derleth (apparemment pas disponibles), mais ai lu l’autre jour à Londres le premier recueil de son repreneur, Cooper. Et… ce n’est pas formidable! De la pâle copie. Bon, il est amusant de faire la connaissance d’un contemporain d’Holmes qui singe tout de lui (si ce n’est qu’il loge sur Praer Street, donc près de la gare de Paddington, plutôt qu’à Baker Street), mais c’est vraiment du Holmes au petit pied: les enquêtes sont assez routinières, sans envergure, et finalement assez prévisibles pour l’amateur d’Holmes. Ne parvient pas qui veut à faire un pastiche d’Holmes vraiment réussit! Il y a une alchimie délicate & subtile, pour parvenir à transcender de simples enquêtes… Et un autre point d’achoppement est le rôle de Watson: en faire un abruti ne fonctionne pas, selon moi… C’est aussi ce qui m’agace dans les films avec Basil Rathbone, par exemple: son pauvre Watson (Nigel Bruce) est vraiment trop lourdingue…