J’adore la tradition anglo-saxonne du livre signé.
Quand un écrivain va faire une séance de dédicace dans une librairie (ce qui, déjà, n’est en soi pas si fréquent que ça en France, hélas, en dehors du domaine de la BD). Quand un écrivain dédicace, donc, il signe non seulement les volumes des personnes présentes — mais également une bonne partie du stock du libraire! Lequel libraire, ensuite, fait une belle pile dans sa boutique en exhibant fièrement un petit panneau « exemplaires signé ». Jamais vu ça en France. Et pourtant, que c’est cool…
J’aime aussi ces noms que j’ai trouvé sur la première page de certains des vieux paperbacks que j’avais rapportés de San Francisco: les premiers propriétaires de ces livres ont laissé leur trace… Je trouve ça touchant. Un infime souvenir de vie antérieure… J’avais également acheté, à Berkeley, un Lisa Golstein signé par l’autrice, tiens. La librairie Andromeda, à Birmingham, où j’ai longtemps commandé la plupart des bouquins neufs en V.O. que je pouvais acquérir (avant qu’Amazon.uk et ses délais de livraisons hyper-rapides ne débarque… Me voilà vendu au grand capital, mais le « système Amazon » fonctionne si bien…), fait un petit catalogue mensuel et propose régulièrement des exemplaires signés. Il m’arrive souvent d’en commander, dès lors qu’il s’agit d’un auteur qui m’intéresse. Oui, c’est sans doute un peu « puéril », mais à mes yeux cette simple petite signature ajoute une sorte de valeur à l’ouvrage, je ne sais pas, ça le rend déjà plus vivant, ça le tire de la masse d’exemplaires imprimés…
Non pas que je me leurre sur la valeur marchande du bouquin en question: je trouve très cons (et même néfastes) ces collectionneurs-spéculateurs, si fréquents dans la BD, qui se gargarisent avec des argus et des côtes! Bordel, un bouquin, la plupart du temps, ça n’a pas grande valeur… Enfin, ça ne devrait pas, je trouve. Ce n’est que du papier. Pourquoi chiffrer une valeur qui n’est en fait que sentimentale, la plupart du temps? J’ai des Holdstock, Hambly, Stableford, Aldiss… signés. Sans parler des auteurs français, souvent des copains. And so what? Ça ne vaut quelque chose qu’à mes yeux. Et c’est bien le principal!
D’ailleurs, c’est une des (multiples) choses que j’avais trouvé séduisantes à San Francisco (très envie de retourner à San Francisco — ça se voit peut-être? 😉 ): de très vieux bouquins (souvent des éditions originales) s’y trouvaient facilement, et pour des prix raisonnables. 5$ le hardcover d’origine de The Sheep Look Up de John Brunner, état nickel, par exemple. Voilà des gens qui ne nous font pas suer avec des argus aberrants. Tiens, c’est comme ces deux Penguin des années trente, état absolument neuf (franchement étonnant, pas même un peu lustrés — The Edwardians de Vita Sackville-West et un Wodehouse) que j’ai acheté 5 FF pièce l’autre jour chez le « Père Penard », notre bouquiniste géant et génial de Lyon… À côté de ça, le marché de la BD est complètement pourri, de nos jours: la moindre sous-merde se met à côter. Faut voir à la Braderie de Lille: impossible de trouver une BD… Au moins, à quelque chose malheur est bon, comme la SF a toujours été fort mal considérées en France, on peut encore et toujours trouver de la SF pas cher du tout.