Lectures… Deux recueils de poésie en prose: Le Débat solitaire d’Hubert Voignier et L’Enfance de personne de Thomas Morfin (deux Lyonnais renversants). Et deux romans français: Nuigrave de Lorris Murail et Les Démons de Paris de Jean-Philippe Depotte. Le premier a été largement incompris dans les chroniques web que j’ai lu, chroniques qui comme presque toujours ne témoignent que des limites de leurs auteurs. Pour moi, ce Murail est un formidable moment de légèreté sur des sujets graves, et cela, c’est très fort. Une SF traçant le même sillon qu’un R. C. Wagner, c’est-à-dire avec du style, du futur proche pertinent au monde actuel, de la banlieue en ébullition, du sérieux sans se prendre au sérieux, et un brin d’influence jeuryenne. De son côté le beau roman de ce nouveau Jean-Philippe, apparemment arrivé par la Poste comme celui d’un Jaworski, est une très agréable découverte. J’ignore pour quelles raisons stratégiques on a caché ce chaud et sulfureux roman fantastique sous une couverture neutre et froide de polar historique bien propre sur lui, mais de fait, voilà une littérature charnue, qui pratique l’hommage jubilatoire à l’imaginaire populaire avec une formidable richesse de langue (à l’image de Pécherot ou de Le Corre avant lui et dans le domaine du véritable polar historique). Et ces deux romans sont autant d’exemples d’une littérature de l’imaginaire où les mots « de langue française » prennent tout leur sens: qu’il est agréable de lire de vrais écrivains, de tels raconteurs d’histoires !
Yep !
Deux excellentes lectures. Les critiques me désespèrent, mêmes les miennes.
Ubik
« J'ignore pour quelles raisons stratégiques on a caché ce chaud et sulfureux roman fantastique sous une couverture neutre et froide de polar historique bien propre sur lui… »
Tout simplement pour permettre aux Démons de Paris de bénéficier d'une mise en place de 6000 exemplaires, alors qu'avec une couverture fantastique/belle époque, nous n'aurions probablement pas dépassé 1200 ex. Par ailleurs, la « distance » entre l'image et le titre crée un grand espace, qui me semble « confortable ».
Merci de votre lecture, Capitaine.
GD, éditeur de l'ouvrage