Patrick avait raison. D’ailleurs, Patrick a toujours raison. J’adore donc The Victoria Vanishes, le « Bryant & May » par Christopher Fowler que je suis en train de lire. D’autant plus que le premier meurtre de ce polar se déroule dans un coin que je connais particulièrement bien — au point que lorsque l’un des protagonistes cite le nom des pubs du quartier, je les reconnais: Mabel’s Tavern et le Skinner’s Arms, my God, j’ai bu des Strongbow et mangé des fish and ships (ou des steak and kidney pie) dans ces pubs un nombre considérable de fois. Car c’est le quartier de l’hôtel où j’ai longtemps été lors de mes séjours londoniens, chez Mme Valotti sur Argyle Street. Un quartier dominé par la tour néo-gothique de St Pancras. Et lorsque l’auteur décrit les environs d’un autre pub où va se dérouler un autre crime, à Barnsbury, je reconnais également ce dont il parle, car je me promenais souvent dans Barnsbury pour aller chez mon bouquiniste favori, Fantasy Centre. Quand au centre d’études Swedenborg à Bloomsbury, je vois bien entendu tout à fait où il se situe. Enfin, l’obsession de Bryant pour l’histoire de Londres et ses trivias, je la partage assurément. Me voici en terrain plus que connu: en territoire chéri. Et puis, le style est excellent, les dialogues savoureux, les personnages bien campés. Enthousiasmant.
Moi qui cogite actuellement à ouvrir une nouvelle ligne d’investigation pour la Bibliothèque rouge, sous la forme de volumes du genre Les Nombreuses vies de Londres, de Paris, de Bruxelles, de New York, de San Francisco, etc. voilà qui me donne du grain à moudre, comme on dit.
Bien sûr, que j'ai toujours raison. En fait, les Bryant & May (nom d'une célèbre marque d'allumettes anglaises) ne sont pas en eux-mêmes des polars fantastiques (mais ils côtoient le fantastique et ont pointé le nez dans certains bouquins fantastiques de l'auteur, à commencer par Le Diable aux trousses), et c'est l'obsession de Chris Fowler pour Londres, ses coins et ses recoins, qui nourrit avant tout ses bouquins. Le Palace, où se déroulent les meurtres de Full Dark House, le premier vrai B&M, leur première enquête, sous les bombes du Blitz, est un théâtre hyper connu sur Charing Cross Road, où ont triomphé récemment de longues sessions des Misérables et de Spamalot. Mais Fowler a visité le théâtre et en décrit tous les recoins secrets.
A ce titre, je recommande aussi son blog: http://www.christopherfowler.co.uk/blog/
Les nombreuses vies de New York? Je suis volontaire pour l'écrire si tu veux! D'ailleurs je m'y mets tout de suite!
Je proposerais bien un Nombreuses vies de Prague, mais Angelo Rippelino a tellement traité la ville de façon exaustive dans Praga Magica que ce serait sans doute un peu redondant.
ce n'est pas du polar victorien, c'est bien contemporain.
pour NY, Jean, ça restera du Bib rouge: bios croisées des héros de la ville, en découpage époque par époque, je pense. je cogite encore au concept et comment l'agencer, ça va pas être que simple (mais serais ravi que l'on bosse ensemble là-dessus, bien sûr).
En polar victorien, je viens de lire The Minutes of the Lazarus Club de Tony Pollard, qui, sans être révolutionnaire, est assez sympathique. Le docteur Phillips, un chirurgien, est abordé par Isambard Kingdom Brunel pour tenir les minutes d'un club de penseurs comprenant Darwin, Babbage, Balzagette et autres esprits progressistes de ce temps. Pendant ce temps-là, des corps sont retrouvés dans la Tamise avec la poitrine ouverte et le coeur arraché. Les deux événements ne sont pas sans rapport, bien que ce ne soit pas tout à fait ce qu'on pourrait imaginer. Avec une belle invention assez originale et les essais de mise à l'eau du chef-d'oeuvre de Brunel, le Great Eastern. J'ai vu qu'un deuxième volume allait sortir, ou venait de sortir, j'irai peut-être voir. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu ça en VF.
Et j'ai toujours prononcé Brumel (j'étais persuadé que sa chouette bio hollywoodienne avec Stewart Granger dans le rôle, où il invente le pantalon droit, s'intitulait Le Beau Brumel), et j'ai un mal de chien à m'adapter à son nom correct. On apprend tous les jours.
Ah oui, vu sous cet angle, je ne suis pas compétent pour écrire le NY, étant plus intéressé par l'Histoire que par la fiction. Je croyais qu'il s'agissait d'une biographie de New York, sujet sur lequel je suis bien informé et capable d'écrire un gros pavé, comme vous avez fait la biographie des personnages dans les autres bib. rouges. Je suis très déçu. J'ai envie d'écrire quand même la biographie de New York, juste pour le plaisir :-P.
ah ah, oui, j'ai longtemps cru moi aussi qu'ils portaient le même patronyme: Brumel le dandy, et Brunel père et fils, les ingénieurs.
D'ailleurs, je saute sur l'occasion, pour aller vérifier sur Wikipédia: le nom du Beau s'écrit George Brummell, ce qui élimine toute ambiguïté.
Dommage: comme j'aime beaucoup Bristol, j'aimais bien l'idée que le pont suspendu de Clifton était l'œuvre de de Stewart Granger. ^_______^
Chouette idée de travailler ainsi sur les villes, pour un volume consacré à Edimbourg (de R.L. Stevenson à Ian Rankin en passant par Harry Potter et Conan Doyle) tu sais où me trouver 😉