Lu un essai acheté à New York la dernière fois: The Lost Art of Walking de Geoff Nicholson. Un essai sur le « pédestrianisme », c’est-à-dire l’amour de la marche à pied. Je me sens concerné par le sujet — sans partager tout à fait le scepticisme de l’auteur quant à la notion situationiste de « psycho-géographie ». Et je me retrouve, bien entendu, dans ce que décrit Nicholson des sensations de la marche, des impulsions d’une promenade, des manières de se balader en ville… Aide de plus le fait que je connaisse un peu Los Angeles, Brooklyn et Manhattan, et fort bien Londres. Des passages du bouquin sont un peu chiants, de simples listes, et le style n’a rien d’emballant, alors que j’avais connu Nicholson excellent styliste dans Bleeding London. Hélas, les meilleurs romanciers ne font pas toujours les meilleurs essayistes, beaucoup ne comprenant pas que le style s’applique aussi à ce domaine. Enfin, le livre (l’objet) est beau, et son thème (sujet) m’intéresse fort.
Cependant, j’ai ensuite eu envie de relire du Jacques Réda, histoire de me remettre en contact avec ce qui est, à ma connaissance, le plus grand styliste de la promenade. Relu donc Le Citadin, et c’est renversant, comme d’habitude. Cette langue! Cette intuition! Cette finesse… Quand je lis Réda je suis à la fois transporté — et un peu déprimé: comment écrire, derrière un monsieur pareil? Non, je n’arrive pas même à en sélectionner une simple citation, tellement chaque phrase me semble parfaite, inséparable du reste de la page. Réda, c’est le sentiment du marcheur en retranscription idéale.
Lu ensuite, sujet Harry Potter oblige, le dernier Neil Gaiman: The Graveyard Book. Étonnamment macabre pour la jeunesse, mais très beau, finement imaginé, exactement le style « classique instantané » de la fantasy jeunesse que j’attendais. Et là je relis le premier tome du cycle de Susan Cooper, Over Sea Under Stone, avec un bonheur intense qui n’est tout juste mitigé que par le regret qu’aucun éditeur français n’ait jamais eu l’idée de faire traduire un tel best-seller, c’est dingue. En tout cas, le style, la poésie, la psychologie, la justesse du moindre mouvement, de la moindre situation, c’est époustouflant.
Bof, c’est pas super Graveyard Book. Ca m’emmerde tous ces mecs talentueux qui font de la litté djeunesse.
franchement, Gaiman est bien plus convaincant en djeunesse qu’en roman pour adultes, je trouve. d’ailleurs, le Graveyard Book est un fix-up (un collage de nouvelles), ce qui fait que Gaiman exploite ainsi à merveille ses deux véritables forces: les nouvelles (c’est un grand nouvelliste) et la fiction pour la jeunesse.
Bof pas d’accord sauf pour les nouvelles : Miroirs et fumées ça dépote. J’aime pas la djeunesse, ça doit être à force de fréquenter des lycéens abrutis de (re)lectures de Eragon et Lanfeust.
Mais blague à part, Graveyard book ça m’a pas révolutionné le cerveau, même le pseudo hommage genre « ouai c’est du Kipling chez les spectres », ma foi, si c’était écrit un quart aussi bien que Kipling, ça pourrait passer, mais c’est tout. Pour le reste, beaucoup de poncifs djeunesse.
Ben si aucun éditeur français n’a eu l’idée de le traduire, gn’y a qu’à le traduire aux Moutons Zé-lectriques. Non ?
euh, tu t’imagines que les Moutons ont 1/ les sous pour acheter les droits de cinq romans best-sellers ; 2/ les faire traduire? eurk, non point mon ami… :-S