#1952

Concert hier soir à la Marquise, une péniche sur le Rhône où je suis déjà allé plusieurs fois. Première partie, We Need Eleonor, un groupe lyonnais bien typique du revival Eighties actuel, au point que leur premier morceau évoque The Factory sur le refrain de « twenty four hour party people »… Le ton est donné: pour les djeun’s actuels, les Eighties sont la principale saveur nostalgique du jour. Ce qui ne lasse pas de m’étonner, puisqu’ayant été étudiant durant ces fameuses Eighties, je n’en avais pas spécialement apprécié les sons, les tendances, le diktat du clinquant et du sautillant, agressivité et superficialité… Et pourtant, malgré des sentiments fort ambivalents vis-à-vis de cette époque, je me surprends de nos jours à apprécier par exemple Foals, Interpol ou Good Shoes, des groupes marqués par ce revival. Comme si le recul et la réinterprétation valaient mieux que l’original, en ce domaine. Alors bien agréable, ces lyonnais avec leur chanteur à voix grave et leur guitare acide.

Mais la raison de la présence du vieux moi à ce concert, c’était ensuite: French Kitch. Un groupe de jeunes gens à peine majeurs, venus de St-Etienne. Et pourquoi m’intéresser à la musique sautillante et enjouée de ces mômes, me direz-vous? Parce que le batteur est Alain Girardot, fils du scénariste du strip « Le chat de Schrödinger » dans Fiction, vous savez, monsieur Jean-Jacques Girardot. Alors le jeuniste que je suis incurablement n’a pas résisté au plaisir de voir jouer Frenck Kitch, avec une si belle énergie, pour leur premier concert lyonnais en vedettes, et comme leur deuxième E.P. venait de sortir. Chouette soirée.

#1951

C’est déjà presque fini mais qu’est-ce que c’était beau: ces derniers jours, les feuilles des arbres avaient adopté leur symphonie d’automne. Un spectacle si fascinant que j’ai plusieurs fois effectué le petit détour par le square pas loin de chez moi, afin de profiter de ces jaunes lumineux sous le ciel gris, qui faisaient de chaque feuille comme une grosse pièce dessinée pour un album d’enfant ; et de ces rouges, plus rares, vibrants contre le fond de verdure gonflée d’humidité. Dans la petite rue du marché, les érables parsèment le trottoir de leurs étoiles, ça aussi j’adore, chaque année ça m’enchante. Je me souviens que j’avais essayé de capturer un peu de cette beauté naturelle, une fois, en scannant des feuilles pour décorer l’envers de la couverture de Janua Vera première édition. Réflexe d’éditeur: je ramène souvent mes coups de foudre esthétiques à des envies de couvertures de livres…

Par coïncidence, j’ai aussi regardé sur écran une production hyper-esthétisante: les Wallander avec Kenneth Branagh dans le rôle principal. Castings impeccables, décors étonnants (du moins pour moi qui ne connais pas du tout la Suède), et une photo, oh bon sang, on peut avoir une image aussi belle à la télévision? Renversant, vraiment.

#1950

Au bout d’un moment, j’ai levé le nez de ma lecture et suis allé voir à la fenêtre. Des oiseaux, tant d’oiseaux: incroyable, et ce tintamarre! Sur l’immense grue qui domine mon coin de quartier, une grande foule de volatile, étourneaux je suppose, venaient de se jucher. Chaque centimètre de filin, la moindre surface, supportait une virgule noire. Je suis resté un long moment à les regarder, tandis que le soleil déclinait. Un perchoir géant, planté en pleine ville: je me sentais partagé entre émerveillement et hilarité.