On croirait que c’est fait rien que pour moi: un bout de Londres qui vient a Lyon. Expo d’affiches des transports anglais (métro et compagnies ferroviaires), au musée de l’imprimerie. Des documents de toute beauté, et en nombre: un grand pied anglophilo-esthétique. Et tout cela est d’un british absolu: songez qu’ils faisaient des affiches pour annoncer la floraison des asters ou des jacinthes, et que l’une est l’œuvre de la dame qui illustra ensuite la pochette de « Selling England By The Pond » de Genesis…
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#1946
Bel anniversaire, merci Olivier. Hier soir, je fus invité au concert privé de Marillion organisé par le fan-club français, dans la banlieue lyonnaise. Enfin, pas tout à fait Marillion: Los Trios Marillos, la formation en trio — d’où des versions différentes, réarrangées, un bonne part d’improvisation, en tout cas une fraîcheur réjouissante. Bonheur complet, et cette voix, oh cette voix!
#1945
Fin de cette période de boulot-maquettes-débordé-urgent. Ouf, je respire de nouveau, et ai pris pour la peine deux journées de repos. Du coup, boulimie de lecture — Death Most Definite de Trent Jamieson, du néo-pulp comme Orbit en a le secret (une Autralie où la Mort est gérée par une société privée), et commencé Ghosts of Manhattan de George Mann, également néo-pulpeux en diable puisque c’est une histoire à la Shadow. Et puis sinon, plein de bédés. je n’en parle pas spécialement ici, mais en fait je suis resté gravement accro aux bédés depuis que, dans une existence précédente, j’ai été vendeur en librairie.
Je viens donc de dévorer la grosse reliure du Attila de Derib et Cie (chez Dupuis Patrimoine, une collection de plus en plus belle, où j’ai également apprécié les deux volumes de Jerry Spring dans un noir et blanc absolument somptueux, et dont je me demande bien quelles autres perles de l’école de Charleroi ils vont bien nous proposer l’an prochain). Je n’avais jamais relu les Attila depuis mon adolescence, les ai retrouvés avec plaisir. Goût d’inachevé comme le dit l’excellente préface, d’autant que le quatrième volume est bâclé — dessin relâché, décors inexistants, scénario mal fichu… Dommage, mais le reste constitue tout de même un apport sympathique au corpus de la bédé à la Dupuis, tout aussi réjouissant que les Tif & Tondu du même Rosy.
Lu ensuite, fort différente, l’intégrale de la Brigade chimérique. J’avais lu les quatre premiers puis, n’ayant pas trouvé le cinquième (les bédés de l’Atalante ne sont pas idéalement distribuées), j’ai finalement attendu la parution du sixième et dernier tome pour tout relire d’un bloc. Et c’est remarquable, à la fois prenant et touchant, une exploration du mythe super-héroïque dans son versant européen — délice de croiser non seulement tous ces héros de la littérature populaire, mais aussi Breton, Daumal, Kafka, Maurice Renard ou Régis Messac… Avec un matériau a priori assez « pointu », Serge Lehman et Fabrice Colin, sur des dessins de Gess (d’une qualité irrégulière mais néanmoins intéressants), parviennent à captiver tout autant qu’Alan Moore dans sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires — et avec plus de force, je trouve, car si Moore demeure toujours primesautier et finalement assez potache, Lehman et Colin tiennent un propos sérieux, profond, qui touche au pouvoir des mythes et à l’imaginaire collectif. La fin est rien moins que magistrale, dans son retournement de paradigme. Tout ceci est dans un esprit cousin de celui de la Bibliothèque rouge et d’une antho que je viens de mettre en route avec mon complice le professeur Mauméjean, cela ne peut donc que m’enchanter, faire pétiller mes neurones.
#1944
Longtemps, j’ai eu comme fort agréable tradition d’aller à la Braderie de Lille, chaque début septembre, pour chiner de par les rues de la capitale nordique. Je faisais cela avec plein de copains, et je me faisais souvent — gentiment — moquer de moi parce que je cherchais notamment des Mickey Parade (les vieux avec du Carpa et du Bottaro) et… des Fantômette, dans leur édition cartonnée à la Bibliothèque rose (pas les souples, fi donc). Et mine de rien j’ai constitué ainsi presque toute la collection des exploits de la justicière de Framboisy.
Ce matin, au courrier: mon idole d’enfance qui m’écrit! Une lettre de Georges Chaulet lui-même, s’enquérant de la disponibilité du Dico des héros. Georges Chaulet, l’auteur de Fantômette. Sapristi! Je crois que je vais encadrer cette lettre. (Et je lui ai offert l’ouvrage, eh, tout de même: justement j’y dis énormément de bien de son héroïne)
#1943
Oh, j’aime lorsque le ciel est tout rose ainsi, comme si l’on avait appliqué un filtre photoshop sur la grisaille des nuages… Ou bien suis-je trop influencé par mon travail récent? Je viens de terminer la mise en page de Géographie de Sherlock Holmes, un grand bouquin tout en couleur, 128 pages, même format que le Miyazaki que les Moutons électriques viennent de sortir, mais en relié toilé sous jaquette, la classe.
Première fois que je m’occupais d’un ouvrage quadri, avec 2/3 d’images. Fort heureusement la base graphique établie par Sébastien Hayez était excellente: à la fois belle et très bien conçue, très pratique. Mais la première semaine j’ai vraiment avancé très très lentement, ç’en était étonnant, je peinais à faire entre huit et dix pages par jour… Et puis le mouvement est venu, j’ai commencé à savoir faire — enfin, je crois: l’animal est maintenant entre les mains expertes de Seb Hayez, et sera ensuite soumis à l’approbation générale… En tout cas, ce fut un boulot fascinant et excitant, à la fois un vrai travail d’esthétique et une plongée dans cette fiction que j’aime tant, par le biais d’une ville, Londres, dont plein de lieux font jouer chez moi des souvenirs.
Les textes de cet ouvrage sont par Xavier Mauméjean et moi-même (les complices habituels, quoi), l’objet de nos choix étant une exploration alphabétique des lieux du grand détective. Comme une psycho-géographie de Sherlock Holmes. C’est pour sortir en janvier. Et la couv de Seb Hayez, toujours lui, reçue ce matin, m’épate complètement — dès qu’elle sera tout à fait terminée je vous montrerai ça. Les photos sont de plusieurs sources: il y a tout d’abord une quantité phénoménale de clichés d’époque fournis par mes amis nordiques Christine et Fabrice (que je ne remercierai jamais assez!); il y a des photos provenant d’ouvrages en ma possession (maintenant un peu fatigués, après les passages de scanner), datant de 1906, 1913, 1930 et 1950; il y en a quelques autres qu’Isabelle et moi-même prîmes spécialement lors de notre dernier séjour à Londres; et puis, outre des gravures et autres documents, il y a des objets issus de la collection du professeur Xavier, précieux et étonnants.