Maquettes, maquettes, maquettes. Je ne fais plus que de la mise en pages, ces temps-ci. Et lectures? Sur l’eau de Maupassant, Le Voleur de Georges Darien, André Derain de Pierre Cabanes. Une grue immense, géante, s’élève devant mes fenêtres. Le bruit des travaux a cependant nettement décru.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#1935
On croirait que Maupassant parle du sieur de Nagy-Bocsa :
Il faut vraiment être bien résolu à la suprême indifférence pour ne pas pleurer de chagrin, de dégoût et de honte quand on entend l’homme parler. L’homme, l’homme ordinaire, riche, connu, estimé, respecté, considéré, content de lui, il ne sait rien, ne comprend rien et parle de l’intelligence avec un orgueil désolant.
(Guy de Maupassant, Sur l’eau)
#1934
Savoir c’est une drôle de chose. C’est comme un courant électrique qui part du dehors et qui cherche à entrer au-dedans, et ça fait vibrer les nerfs et ça creuse un vide dans le cerveau. […] Aimer c’est aussi une drôle de chose, c’est un peu comme savoir, un courant électrique qui va du dehors vers le dedans, et qui fait bouger toutes les particules mobiles qu’il y a à l’intérieur du corps. Peut-être qu’au fond c’est la même chose aimer et savoir.
[J.M.G. Le Clézio, Voyages de l’autre côté]
#1933
Jolie citation de Flaubert dans le dernier Canard enchaîné :
Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. – Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. – Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine que l’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. – Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. […] Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.
[Lettre à George Sand du 12 juin 1867]
#1932
Au moins ne suis-je pas blasé: je suis toujours amusé de pouvoir faire un aller-retour à Paris dans la journée, les mains dans les poches. Prendre le TGV comme l’on prendrait le bus. Et puisque deux rendez-vous nous ont fait faux bond, ce fut une après-midi de repos, après une matinée un peu rude avec les représentants et un délicieux déjeuner éthiopien avec Daylon. Et avant un petit marathon de compta et deux marathons de mise en page qui devraient bien occuper mon mois de septembre… Nous traînâmes en terrasses, ce « nous » englobant Julien le Number Three des Moutons et Axel mon récent ex-coloc. Fascinant comme les gens appartiennent pour la plupart à des types, à des looks: en vingt minutes je vis passer des sosies de Karim Berrouka, de Jean-Michel Nicollet et de Stéphane Marsan. Visite de la jolie chambre du jeune homme, au sein du coquet quartier de Charonne. Petites rues et pavés au sol, les lieux où se battirent autrefois deux apaches pour la belle Casque d’Or sont ma foi ravissants. Même un poste de police, un peu plus loin, élève une pimpante façade blanche aux élégantes décorations anciennes. J’aime bien flâner à Paris, nonobstant le prix exorbitant du moindre café.