Sanction contre la démocratie : plus de 53% d’abstention (56,82% en Rhône-Alpes !), c’est la victoire de la débâcle civile, de l’imbécilité inerte — comme vient de le dire Jean-Luc Mélenchon: « On a franchi la cote d’alerte démocratique, le pays est en train de mal tourner »… Depuis longtemps j’estime que nos voisins ont bien raison d’avoir rendu le vote obligatoire, c’est d’un pragmatisme qui me semble sain.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#1841
Étais aujourd’hui à un salon du livre en banlieue lyonnaise, à Champagne-au-Mont-d’Or. Jamais vu un bide pareil: pas une signature, en fait il n’y avait absolument personne dans les allées, strictement aucun public. Sidérant. Pour me remettre, en rentrant, j’ai regardé Where the Wild Things Are de Spike Jonze & Dave Eggers. Ooooh. Extraordinaire. Aisément le film le plus étrange que j’ai jamais vu. Et beau, mais beau! Cependant, je ne m’étonne plus que cette merveille n’ait pas trouvé une audience. Much too weird, I suppose, and not for kids anyway.
#1840
Riche soirée, hier. Tout d’abord, vu une dense et fascinante conférence aux Chartreux sur « le photographique », par le très kantien Jérôme Thélot ; puis regroupement dans un bistro du bas des pentes, devant une demi-douzaine d’huitres et un excellent vin blanc, en compagnie de mon ex-coloc, de sa copine et de l’archétype même du « prof charismatique », une figure lyonnaise que j’adore — il avait posé pour l’Hercule Poirot de la couverture du Bibliothèque rouge sur ce héros. Dans les « Harry Potter » pour moi le personnage d’Horace Slughorn, c’est lui tout craché. Il nous entretint des troubles relations de son grand-père avec Bernard Faÿ et Lucien Rebatet, des livres des hussards et des potins de la cité scolaire où il officie. Un succulent moment littéraro-mondain à la lyonnaise.
#1839
La neige tombe en flocons serrés tandis que, pour occuper de studieuse manière ma solitude du week-end, j’écris des articles. Terminé « Variable cachée » et « Des rêves blancs et rondouillards comme des fantômes », j’avance dans un troisième. Pris plein de notes hier pour la future refonte du Sherlock Holmes avec Mauméjean, en lisant London in the 19th Century de Jerry White. Et les toits rouges se couvrent de miettes blanches.
#1838
Lu aussi les Carnets du grand chemin de Julien Gracq, sorte de blog sur beau papier non coupé (et qu’il est irritant, ce boulot de découpe des pages une à une, l’aspect du livre au final est fort agréable mais le trajet pour y arriver, genre « cours de travail manuel », ne présente pour moi aucun attrait). Des notes sur quantité de lieux où passe l’auteur, semées également de remarques sur des lectures, sur des souvenirs. Deux pages sur Richelieu, petit ville de Touraine que je connais, sont d’une cruauté qui m’a fait sourire. Quant à la langue, le style, bien sûr, ils sont renversant, d’une infinie séduction.
Je poursuis ma lecture du Ayerdhal, Transparences, bien entendu, à raison de deux ou trois chapitres par soir. Les protagonistes passent leur temps à se raconter l’histoire plutôt qu’à la vivre, du pur Ayerdhal, incroyable qu’un roman finalement aussi intello sous son bel habit d’espionnage puisse avoir fait un tel best-seller, des fois on se sent réconforté sur les goûts de l’humanité lectrice.