#1638

Les droits sociaux vus par la Commission européenne: le travailleur est un lion en cage, auquel son patron-dompteur octroie finalement d’avoir au-dessus de son enclos un parapluie, et une gamelle à son nom. Très belle parabole sur la gueule réelle de l’Europe sociale… Je m’interroge: cynisme ou stupidité? Six dessins animés sont à trouver sur le site de la Commission. En voici un mignon exemple:

#1637

J’entends souvent dire « oh non, moi j’aime pas telle ville: elle est trop bourgeoise ». Commentaire qui à chaque fois me fais penser « Et alors? ». Une ville n’était-elle pas bourgeoise… par définition?

Alors Bordeaux, Nice or whatever, sont effectivement bourgeoises. And so what? Puisque ce sont des villes. Par conséquent, reprocher à une ville d’être « trop bourgeoise » c’est à peu près aussi pertinent que de reprocher aux femmes d’avoir des seins — remarquez, certaines n’en ont (presque) pas. C’est le cas de St Etienne, par exemple, si je peux me permettre de mélanger mes métaphores. Un très rare cas de ville essentiellement « prolo », je veux dire. Quant à Bruxelles, c’est une ville pas seulement bourgeoise, elle est également très « prolo », dans le bas de St Gilles ou le quartier des Marolles par exemple. Mais ce charme prolétaire, décati, pauvre et simple, ne s’apprécie-t-il justement pas à l’aune du fait que le haut de St Gilles est grand bourgeois, ou que les Marolles sont dominées par le baba au rhum surdimensionné du Palais de Justice?

Ah, Nice, en plus on entend tout le temps dire que les gens n’y sont pas sympathiques. Hum, certes, une ville qui vote à la droite extrême à chaque élection municipale doit comporter un pourcentage fort élevé de vieilles emperlousées et de gros à calvitie. Mais je connais pas mal de Nicois fort fréquentables, et même charmants, savez-vous? À quoi bon condamner une ville pour tel ou tel aspect? Une ville est multiple. J’aime Nice, malgré ses électeurs de droite. Et j’aime Bordeaux, malgré le droitiste-à-calvitie archétypal qui en est maire. D’ailleurs, ces deux villes si dissemblables ont pour moi en commun une qualité majeure: elles ne sont pas loin de la grande eau!

Et comme à chaque début d’été, je regrette la grande eau… Je n’aime guère la campagne, si ennuyeuse. La montagne non plus, c’est comme la campagne mais en plus vertical. Tandis que l’océan (ou la mer)… J’aime! Et les villes en bord de mer, alors là, j’adore. Il faudrait que j’aille habiter dans une ville en bord de mer, tiens.

#1635

Il y a un moment que je voulais lire The Loom of Youth, d’Alec Waugh. Publié en 1917 par un garçon de seulement 17 ans venant d’achever sa scolarité, ce roman fit grand scandale, car dans son désir ingénu de tout révéler de l’ambiance scolaire qu’il avait tant adoré, le jeune Alec (frère aîné d’Evelyn Waugh) disait… tout. Y compris des attirances romantiques des garçons les uns envers les autres, sujet jamais abordé, nié, étouffé. Enfin bref, je ne l’avais toujours pas lu et Axel ne savait plus où il l’avait rangé… Je viens de le retrouver, à la faveur d’un large effondrement d’étagères dans la petite chambre. Qu’importe: je commence à me délecter de la prose moqueuse de ce chef-d’oeuvre de la littérature d »école anglaise. Un sujet qu’il me fallait étudier, assurément, au moment où je travaille sur les thématiques brassées dans les Harry Potter.

Juste une citation, pour le plaisir :

« The rest were non-entities, the set who drift through their six years, making no mark, hurting no one, doing little good. Finally they pass out into the world to swell the rout of civilized barbarians whom it ‘hurts to think’ and who write to the papers, talk a lot about nothing and then die and are forgotten. »

#1634

Lorsque Les Nombreuses vies de Malaussène, de mon petit camarade Nicol Lozzi, était en correction, j’avais un jour sursauté: il disait que les fontaines Wallace étaient… en bronze! Ouch non, elles sont bien entendu en fonte. Sans quoi, de toute évidence, il n’y en aurait plus, tant les vols de bronze se multiplient maintenant que ce métal commence à se faire rare. il paraît que la SNCF subit souvent des vols de plusieurs kilomètres de fil en cuivre, arrachés le long des voies! Et voici que cette folie atteint les sculptures… D’après cet article du Guardian, une immense sculpture en bronze massif d’Henry Moore a été détruite par des trafiquant de métaux (c’est monstrueux!), et les vols d’oeuvres d’art publiques se multiplient de manière rien moins qu’alarmante.