#1603

Suite suisse /2

Le camarade Kloetzer n’habite pas à Lausanne mais dans un petit bourg rural, Romainmôtier, à courte et verdoyante portée de train exactement à l’heure. Sur le côté de l’église, un long et bel appartement aux plafonds de poutres épaisses. Laurent me fera visiter l’abbatiale romane, els petites rues silencieuses, et surtout: la superbe « maison du prieuré », improbable lieu de séjour et de culture, une grande bâtisse médiévale à l’étage duquel se trouvent notamment une bibliothèque toute de douce pénombre et de bois sombre, de livres en rangs serrés et de revues éparses sur les tables épaisses ; et sous les combles, des métiers à tisser, un salon secret niché sous les solives, juste dans le soleil tombant des vasistas. Le bois craque, cette maison semble receler mille mystères, une atmosphère de sérénité.

En redescendant, Laurent me désigne le toit tressé et les montants courbes d’une yourte. Dans la cour aux galets irréguliers, une fontaine jaillit. Il y a quantité de fontaines, à Romainmôtiers, dont celle qui emplit le logis Kloetzer d’un bruissement liquide. Je dors d’un sommeil profond, dans la plus belle chambre des lieux. Des fées à la patine verte sont figées au pied des lampes de chevet. Le matelas est moelleux, le silence duveteux. Ou le contraire.

#1602

Donc, quelques notes de Suisse…

Vendredi 20 mars: j’ai eu envie de prendre quelques jours de vacances, et quel meilleur exotisme à portée de Lyon que celui de la Suisse? Je connais plusieurs personnes à Lausanne u aux environs. Et quelle est curieuse, cette sensation de se trouver tout à fait à l’étranger à si peu de distance de chez si.

Je change à Genève de train pour Lausanne, et déjà le moindre détail est différent, l’équipement des wagons par exemple semble d’une simplicité quasi rétro-futuriste. À l’arrivée, le sieur Kloetzer m’a donné rendez-vous face à la gare, pour que nous déjeunions ensemble. Je monte ensuite me promener en ville, faisant notamment le tour du quartier « branchouille » qui occupe un étonnant grand trou (le Flon). L’occasion de passer faire la bise à une copine qui bosse au rayon mangas d’une superbe librairie-magasin de jeux, à la déco agréable mais à l’absence totale de rayon SF pour le moins déplaisante: je ne peux m’empêcher de considérer ces librairies anti-SF comme des ennemies, des entreprises qui contribuent à la mort des genres que je défend.

Je continue à monter, en passant par le palais de Rumine — où je note ces quelques mots, assis dans la pénombre du patio, à côté des rapaces empaillés dans leurs antiques vitrines. Lieu hors du temps, d’un provincialisme à la désuétude outrée. Toute cette ville, avec ses invraisemblables ponts & passerelles en tout sens et ses décalages technologiques, a été conçue par Miyazaki, me semble-t-il. En collaboration avec Schuiten! Ça manque juste de dirigeables.

#1601

Eh bien, première fois que je souffle un petit peu depuis plus d’une semaine. Du coup, je n’ai même pas encore recopiées ici mes notes sur mon week-end prolongé et fort dense (et fort agréable) en terres helvètes. À part rentré, des colis sont arrivés, en avance, puis différents boulots et visiteurs — on boucle Space opera!, ça va vraiment être un gros et très beau bouquin, Rafu peaufine une maquette copieuse, plus esthétique que jamais. Quant à ce week-end, c’était celui du salon « Quais du polar » à Lyon. Dans le cadre bruyant mais somptueux du salon central de la Bourse (l’ex salle de la corbeille). Je ne fis guère d’étincelles mais l’auteur régionaliste des Moutons électriques, Nicolas Le Breton, fut rien moins qu’épatant: 102 ex signés!

Ce qui m’attriste un peu, et j’avais déjà fait ce constat l’an passé, c’est que ce salon n’attire que des gens aux cheveux gris. En dehors du minot de 13 ans qui nous acheta un Zombies!, pas trace de djeun’s dans les allées… Le politiquement correct à la manière du roman noir est visiblement en totale déconnexion d’avec la jeune société… Mais il est vrai qu’il n’y a plus que les vieux et les pré-ados, pour encore lire de façon conséquente, de nos jours.

En parlant de lecture, je viens de dévorer Axis de Robert Charles Wilson — la suite de Spin. Et suis en définitive déçu, ça ne va pas plus loin qu’une bédé de Léo (Aldébaran et tout ça), avec la même imagerie. Captivant et agréable mais assez anecdotique au final.

#1600

Wow. Le clergé avec nous: Benoît XVI, ça c’est du pape. « On ne peut pas résoudre le problème du sida avec la distribution de préservatifs. Au contraire, cela augmente le problème », vient-il de déclarer en Afrique. Joli.