#1413

Rédiger un blog n’est point exercice toujours aisé: apparemment, le simple fait de s’exprimer ainsi fait que l’on froisse les uns, que l’on froisse les autres… et amuse-t-on au moins certains? Une chose semble sûre: l’humour et l’ironie sont choses qui ne sont pas forcément très bien reçues. Pourtant, se taire n’est bien entendu pas une solution, non plus qu’une redoutable auto-censure qui viserait à rendre inoffensifs tous propos tenus ici.
Une mienne amie me parlait ce matin de la « morosité ambiante ». Oui, j’ai l’impression diffuse mais sérieuse que ce qui manque actuellement, dans notre société, c’est un peu plus de légèreté. Moins de stress (je sais, ce n’est pas chose facile dans une civilisation de la « quotidienneté affairée »), plus de sourires — et ne pas tant sacraliser l’écriture, allons donc. Un blog selon moi n’a pas de gravité, aucune pesanteur, et même si l’on découvre régulièrement sur les blogs de jolis morceaux littéraires, ce support ô combien virtuel ne « compte » pas à mes yeux comme publication, comme inscription durable: de mon point de vue, dans ma propre pratique, il ne s’agit jamais que d’humeurs et impressions fugitives, n’est-ce pas? du temps qui passe et qu’il faut s’efforcer de ne pas prendre avec trop de gravité. Tenez, lisez donc mes jeunes amis Fifi et Axel: légèreté et talent.

(écrit avec en tête le ton, la voix, de Sacha Guitry)

#1412

« Ses cheveux blonds roulaient en boucles négligées sur ses épaules, qui s’élevaient blanches et pures comme une étoffe de lis au-dessus de sa tunique pourpre. Cependant, son cou portait l’empreinte du sang, la cicatrice triangulaire d’un fer de lance. » (Charles Nodier, Smarra)

Tout en rédigeant la biographie de Dracula — et en commençant à voir des vampires partout, par conséquent — je poursuis ma recherche documentaire pour celle du monstre de Frankenstein. J’ai donc lu Ariel, la vie de Shelley par André Maurios, puis dans la foulée L’Homme qui voulait tuer Shelley de Giuseppe Conte, récemment traduit chez Phébus. Outre que le titre original était bien plus beau, La Case delle Onde, je suis tout de même déçu par quelque chose. Oh, ce roman italien est très beau, son style fort agréable et poétique, et il recèle quelques informations « occultes » intéressantes ainsi que de jolis portraits. Mais, comment dire? Sa structure m’est apparue comme trop transparente. En effet, ce roman sur les derniers temps de la vie du poète Percy Bysshe Shelley, à la Casa Magni, suit tout bonnement, page à page… la bio de Maurois! Comme si l’auteur n’avait rien lu d ‘autre qu’Ariel pour suivre cette période. Il y a ajouté le narrateur italien, ancien marin de Bonaparte, et un espion anglais, décalqué sur la paranoïa de lord Castlereagh. C’est astucieux, bien fait… mais lorsque l’on connaît les sources, et surtout, lorsque l’on vient juste de lire Maurois, tout cela semble finalement un peu mince.

#1411

Tristesse: « L’écrivain de science-fiction britannique Arthur C. Clarke, est mort hier à l’hôpital Apollo du Sri Lanka, à l’âge de 90 ans. Il avait été hospitalisé il y a quatre jours après que son état de santé se soit brusquement détérioré. » *soupir*

#1410

Poursuivant mon exploration de l’univers wildien, je suis en train de lire The Green Carnation de Robert S. Hichens, un roman de 1894 satirisant lord Alfred Douglas, Oscar Wilde et toute la fine société uranienne de l’époque. Survolté, perfide, drôle, un ouvrage aussi venimeux (Hichens ne se réconcilia jamais avec sa propre homosexualité) que fascinant, comme témoignage d’un temps.

« In his own opinion he was very beautiful, and he tought it right to appreciate his own qualities of mind and of body. He hated those fantastic creatures who are humble even in their self-communings, cowards who dare not acknowledge even to themselves how exquisite, how delicately fashioned they are. Quite franckly he told other people that he was very wonderful, quite franckly he awoved it to himself. There is a nobility in fearless thruthfulness, is there not? and about the magic of his personality he could never be induced to tell a lie. »