#1368

London jan 08 / 1

« Une ville, c’est un troupeau de toits et d’âmes et de voix humaines enmêlées dans une rumeur », écrit Hervé Le Corre. Mais que dire de cette ville-là, Londres, pour la définir, alors que je ne cesse d’y revenir, ne la considérant presque plus comme un espace géographique mais à la fois comme un fuel de mon moteur interne et comme une entitié culturelle à la fascination ambiguë.

Moteur interne? C’est qu’après deux sans mettre les pieds au bord de la Tamise, l’état de manque se faisait pressant. Il doit y avoir dans l’atmosphère londonienne quelque molécule nécessaire à mon fonctionnement, dont la seule évocation littéraire ou filmique ne me suffit pas toujours.

Ambiguïté? Eh bien, alors que Naboléon transforme la présidence en télé-réalité pour que l’on n’aille pas trop s’interroger sur la thatchérisation qu’il opère sur la société française, je n’éprouve guère qu’effroi en observant le supposé « modèle » économique anglais. Hier soir, allant me promener dans South Kensington après le dîner, j’eu envie de localiser un hôtel où j’avais séjourné quelques années plus tôt. Et si je l’ai aisément retrouvé, c’est grâce à… un supermarché Safeways, situé à peu d’encablures de son adresse… et qui était toujours ouvert, à près de 11h du soir! Comme se l’exclama mon amie Mireille ce soir, en passant daevant tant de boutiques encore en activité vers 9h: « Mais quand rentrent-ils chez eux, ils n’ont pas de vie? ». Bonne question. Mais peuvent-ils payer un loyer, ces petits employés de commerce? Ou bien font-ils quelques heures de trajet en plus, pour regagner leurs pénates? Comment vit-on à Londres, où tout est devenu monstrueusement hors de prix, si l’on n’est pas riche? Flexisécurité, my ass.

C’est cette société-là, à laquelle travaillent Naboléon et ses sbires, l’hyper richesse d’un côté, et les travailleurs pauvres de l’autre, un fossé qui ne cesse de s’élargir. Et ce « modèle », je le pressens plus terrible encore une fois appliqué à la France, où réserve et courtoisie anglaises ne joueront pas le rôle de modérateur quotidien. Pas de « common decency » dans la culture française. Il n’est que de comparer le niveau de service en Angleterre (du personnel partout dans les gares et les stations de métro, par exemple) et en France (et ne parlons pas de la tradition franchouillarde du serveur arrogant et désagréable, ou de la vendeuse boudeuse et de mauvaise volonté).

#1367


Un Londres fuligineux, le temps de me reposer (soirée/matinée d’hier pas de tout repos) et de mettre en ordre mes notes de voyage. J’ai l’impression que l’on est dimanche: décalage temporel.

#1365

A certaines périodes, je ne cesse de poster, à d’autres je demeure plutôt silencieux sur cette page. Il faut bien reconnaître que l’existence purement sédentaire de l’editor-writer ne se prête pas toujours à de multiples commentaires — comme par exemple en ce moment. Peu de narration à obtenir du fait de passer une nuit blanche à finir de regarder les (géniaux) « Jeeves & Wooster » de Fry & Laurie (merci Axel) ; d’avoir été renversé par « Paprika » d’Hoshi regardé à la St Sylvestre (merci Sam), ou de m’être éclaté à la lecture du « Shazam » de Jeff Smith (merci Rafu). Bon, c’est dit.

Le quotidien récent, ce fut de mettre chez l’imprimeur le Coney de février, les essais sur Heinlein et Anderson, et bien sûr la réception de La Vallée du temps profond, premier et massif titre de la nouvelle collection des Moutons électriques, la Bibliothèque voltaïque. Un très très vieux rêve personnel: enfin réunir un bon gros recueil des nouvelles de Michel Jeury, cet auteur phare de la science-fiction francophone. Débutant, tout jeune, j’étais allé faire le « pélerinage d’Issigeac » par deux fois, amené chez le maître par mon papa. Ses nouvelles sont un sommet, pour moi. Et Richard Comballot a fait un beau travail de réunion, le tout récompensé par, donc, ces presque 500 pages — avec à la clef une brassée de félicitations comme j’en ai rarement eu, sur la beauté de cette somme. Pourvou qué ça sé vende, maintenant! J’ai du mal à évaluer le potentiel de Jeury aujourd’hui. Petit, je dirai. Mais j’espère notamment que la VPC va suivre: c’est le défi très important pour les Moutons, cela, développer la VPC. Tout compris, la dist-diff nous coûte la bagatelle de… 67% du prix de vente! Commandez par le web: c’est l’avenir de l’édition!

Bon, je file à Londres demain: j’imagine que j’aurai ainsi plus de matière pour ce blogue. Et Venise ensuite, on ne se refuse rien…