#2131

Je viens de lire Quoi !, le livre de souvenirs sur l’Association, qui devait sortir chez Shampoing et qui finalement est bien à l’Asso, maintenant que Menu a démissionné. Étrange livre, terriblement nombriliste — combien de personnes ça intéresse, les querelles, le désamour d’une bande de copains dessinateurs? Plein, je suppose, car l’Asso, malgré tous ses travers (notamment celui de focaliser l’attention médiatique alors qu’il y a ou a eu tant d’autres structures indés en bédé), l’Asso c’est historiquement important, un tournant dans la bédé francophone. Et moi ça m’intéresse, mais cette lecture m’a rendu triste, très triste.

Pas seulement parce que je suis moi-même éditeur — et l’histoire des Moutons électriques n’a rien à voir, ç’a toujours été, depuis le début, « ma » maison, même si j’ai toujours eu envie d’un travail un peu plus collectif, et même si l’empreinte de mes compagnons de route me semble avoir été déterminante (et l’est plus que jamais). Patrice, Olivier, Sébastien, Raphaël, Xavier, Julien, Jean-Jacques, Gizmo, Daylon, Dave, Anthony, Nicolas, Patrick, Christophe, Isabelle, Michelle, Alexandre, Jean-Philippe… et tant d’autres, les associés, les auteurs, tous cruciaux pour animer/alimenter l’éditorial d’une maison si petite et si indépendante. Et puis Menu a poussé les autres vers la sortie lors de sa crise de la quarantaine, tandis que moi, c’est moi qui me suis foutu à la porte de la librairie à cet âge-là pour changer de vie et devenir directeur littéraire.

Mais l’Association, dès le départ et même avant, dans ses prémices, a longtemps été importante pour moi. J’achetais le Lynx et les Lapot a Menu à Angoulême (il était désagréable, ce qui chaque fois désolait mon petit coeur de fan); j’avais eu tous les fanzines de Lewis et fut parmi les premiers à le publier (en couv de Yellow Submarine); j’ai encore sur le mur de mon bureau un grand et bel original de Mokeït, acheté lors d’une vente d’illustrations à Drouot (une folie)… J’avais donc adhéré à l’Asso, les images de chocolat sont encore dans un tiroir du bureau — mais je ne sais pas s’il y a jamais eu un album pour les recueillir, parce que j’ai cessé d’être adhérent, me sentant de moins en moins concerné par ce que l’Asso publiait (même si j’y lisais encore de belles choses, genre la rééd de Mattioli ou l’admirable essai de Christian Rosset). Et puis il y a eu, ces derniers mois, la fameuse grève, les réunions, tous les articles, et le départ finalement de Menu. Triste. Et passionnant.

#2129

« If unconnected and spur-of-the-moment things keep happening in the real world, why shouldn’t they be plausible in novels? Shouldn’t the most plausible picture of life be a portrait of reality in all its bizarre and incoherent confusion? » (Lord Peter Wimsey)

Et pourtant, dans la vraie vie j’ai souvent l’impression que la moitié des gars se prénomment Julien et que tous mes copains sont mariés à des filles prénommées Laurence. Mais dans un roman, ça ne fonctionnerait pas.

#2127

Une autre mienne lubie, c’est d’aimer les vieilles couvertures peintes du Livre de Poche — et, parfois, de J’ai Lu. À l’époque, des artistes jamais crédités peignaient de belles et surprenantes couvertures, dans un style qui selon les cas tenait de l’aquarelle, de la peinture à l’huile ou — dirait-on — de la bédé. J’en achète de temps en temps, toujours séduit par ces couvertures, sous réserve tout de même que le texte m’attire. Je viens d’en scanner treize, c’est parti pour treize jours.