Londres encore.
C’est avec assiduité, cette fois, que je dévore London 1900 The Imperial Metropolis, par Jonathan Schneer.
Il s’agit d’un ouvrage universitaire (publié par Yale University Press) – mais que voilà de l’universitaire selon mon cœur: parfaitement clair, compréhensible pour le commun des mortels, érudit sans jargon, visiblement passionné par son sujet.
Londres y est étudié avec minutie, sous l’angle de la capitale du plus grand empire que la Terre ait jamais porté: architecture, propagande, économie, culture populaire, traitement des femmes, mouvements radicaux & celtiques, naissance des la conscience ethnique & de la réflexion sur le racisme… sont autant d’aspects qui sont ici abordés. C’est d’autant plus fascinant qu’à travers Londres, c’est tout simplement la naissance de notre société qui se dessine. Il s’agit donc non seulement d’une étude historique, mais aussi sociologique & politique. J’évoquais il y a quelques jours le steampunk, à propos du renouveau des dirigeables de type Zeppelin. Mais nous sommes également en plein dedans, ici: y sont analysées, dans le réel, toutes les thématiques que brasse en littérature le steampunk.
London 1900 est allé illico rejoindre ma « bibliothèque idéale » des livres à propos de Londres – aux côtés, par exemple, du London at War de Philip Ziegler (sur le Blitz) ou du London, More by Fortune Than Design de Michael Hebbert (sur l’architecture & l’urbanisme).
Un petit extrait de l’introduction, juste pour le plaisir:
« London is no longer the imperial metropolis. Just a century ago, however, almost within living memory, it was. Great Britain controlled territories on every continent except Antartica, owned islands in every ocean, sent representatives to the four corners of the globe, governed (directly or indirectly) the destinies of four hundred million people. It owned the greatest empire the planet had yet seen. London was the empire’s capital, and the imperial metropolis of the world. It was unique. (…) The British, however, had the opposite intention ; they embraced, they inteded to instruct, perhaps even to rule, the world. And the British megapolis, London, was their Rome. »
Lisant tout le temps trente-six bouquins en même temps (n’est-ce pas là l’une des caractéristiques des bookaholics?), je dévore aussi en ce moment le roman Declare de Tim Powers. L’un des livres les plus étranges qu’il m’ait été donné l’occasion de lire!
De Powers, je n’avais jusqu’à présent lu que le fameux Les voies d’Anubis, et rien d’autre. C’est l’enthousiasme de David Calvo à son sujet, ainsi que l’admiration que je ressens pour cet auteur depuis que je suis inscrit sur sa mailing list (où ses messages sont toujours formidablement intéressants, en plus d’être souvent drôles), qui m’a poussé à réaliser qu’il fallait que je comble ma lacune sur cet auteur… Et ma foi, ce que je lis me donne envie d’en savoir plus: Declare est vraiment un roman étonnant… Mais je ne le dirai pas aussi bien que Terri Windling (elle oublie seulement de citer Kim de Kipling, dans les sources):
« Another fine novel with an Arabian flavor, but completely unlike the books above — in fact, completely unlike anything else, period. Only Tim Powers could throw the Arabian Nights, Le Morte D’Arthur, T. E. Lawrence, the British spy network of World War II, the fall of the Soviet Union, and Biblical Mount Ararat together into one taut supernatural thriller and actually pull it off. It’s a dazzling book. »
Parmi les autres grands chantres de Londres qui ont droit à mon admiration, il y a Michael Moorcock. Et justement, le weblog de mon oncle Jean (merci!) signale un entretien avec lui, aussi long que passionnant, d’une formidable intelligence: Interview Michael Moorcock. Ce qui me fait penser que les éditions Denoël devraient enfin publier, un de ces quatre, son roman Mother London.