#311

Chic, trop bien: encore un auteur que j’aime qui tient un weblog! Cette fois, il s’agit de Steven Z. Brust, un excellent écrivain de fantasy. Bon, de toute évidence il ne « post » pas souvent & demeure assez bref, mais c’est tout de même d’une lecture très plaisante.

C’est sur le weblog de Neil Gaiman que j’ai trouvé cette référence. Et en parlant de Gaiman, il donne également un lien sur un excellent article de chez Salon.com, à propos de certains écrivains anglosaxons très connus, pour adultes, quis se mettent à écrire aussi pour la jeunesse: outre Neil Gaiman, bien sûr, le journaliste parle de (& cite) Michael Chabon, Lemony Snicket, Carl Hiaasen, Clive Barker — et (en mal!) Isabel Allende. Un papier intelligent, sur un sujet quim’intéresse fort.

Ah tiens, et puis je ne résiste pas au plaisir de citer quelques propos de Neil Gaiman autour de ce sujet… I couldn’t agree more: l’humour en littérature n’est pas assez considéré. Et en France encore moins que dans la culture anglo, c’est vous dire! Entre la prose anémique & nombriliste, cette fichue sécheresse désincarnée qui fait si bien dans les salons parisiens, et le sérieux de rigueur (c’est bien le mot), j’ai décidément toujours le plus grand mal à trouver quoi lire de plaisant dans la dépressive avalanche littéraire française…

It’s odd: the hardest things to write tend to be looked down on. It’s easier to write something serious and depressing than it is to write something that’s genuinely funny. Depressing writers are out there in droves, while really honest to goodness funny writers… if one good one comes along every five years or so we’re doing well. It’s easier to write mimetic fiction, in which everything’s set in this world just the way it is, than to change things with the conviction that’ll keep people walking with you and believing. And it’s easier to write for adults than it is to write for kids…

#310

A momentary lapse of reason…

Il fait une chaleur atroce.

Dubya s’en va-t-en guerre.

Maurice Papon est libéré.

Les 35h vont être abrogées.

Alerte à la bombe où je bosse.

Puis incendie.

Et grosse inondation subséquente.

C’est ça l’automne?

Vivement l’hiver.

#309

Une copine me faisait part hier soir de son narquois amusement devant mon goût pour le lyrisme. And so what? J’assume fort bien, ai toujours préféré & tend à aimer plus que jamais le lyrisme plutôt que la froideur clinique, le « beau style » plutôt que la cachexie intello-cryptique…

Et je le prouve: je me régale en ce moment d’un Michel Suffran, L’Arc et la flèche. Grand & bel album de promenade sur les rives de Bordeaux, par monsieur Suffran, grand écrivain des lieux, & l’illustrateur Jacques Guibillon (chez Opales). Et plus lyrique que Suffran… je ne connais pas! Michel Suffran en fait même beaucoup trop, par moments. Mais qu’importe: je me laisse emporter par la richesse de son style, ses métaphores exaltées, sa poésie souvent désuète. Car il saisit à merveille (à mon sens, du moins) l’âme & le souffle de sa ville adorée. De lui, j’avais déjà lu deux très beaux polars (dommage que les suites annoncées ne soient jamais parues) & je sens qu’il faudra que je me procure ses quelques autres ouvrages à propos de Bordeaux.

Autres lectures: un peu de SF pour une fois, The Hands That Take de mon copain néerlandais Paul Harland — sur manuscrit, je ne crois pas que ce roman soit paru. Du post-cyberpunk à la fois gay & oriental, ce que j’en ai lu pour l’instant me séduit.

Et puis une bizarrerie: Son of Holmes de John T. Lescroart. Un vieux pastiche de Sherlock Holmes & de Nero Wolfe (à la fois), que J.M. Lofficier m’a signalé & que le service « occase » d’Amazon m’a immédiatement procuré. Amusant.

#308

Je cite beaucoup, ces temps-ci. Manière de partager quelques éblouissements esthétiques, ou plus simplement des plaisirs de lecture… Le weblog de Jonathan Carroll est à l’image de cet auteur: à la fois étrange & amusant. Carroll y prend note de bouts de phrases étonnantes, le genre de formules qui provoquent des petits chocs dans ses fictions… Plus rarement, une réflexion complète, telle celle-ci, d’une grande beauté…

« Years ago I watched a documentary on tv about a couple who were game wardens in Africa. They lived in a big airy house in the middle of a wildlife preserve. Besides being surrounded by the kind of wild animals most of us will only ever see in zoos, these people had « pets. » A baby rhinoceros that had been orphaned, an ostrich that was the rhino’s best friend, a four year old female lion the couple had raised and then re-released back into the wild. The lion frequently returned to visit. Its favorite thing was to nap on the porch at the woman’s feet while she read.

All of the doors and windows of their house were always left open. If someone closed something, they were strongly reprimanded. Explaining why, the man said that by leaving everything open, the animals always felt like they could come and go as they pleased and never felt trapped. Close the doors and you have a wild animal in your living room. Leave the door open and you have an exotic visitor who is happy to see you, but *always* on its terms.

Later I realized it is the same with writing, inspiration, where do I get my ideas… all of that. I love to write because in the best ways, the process is like living in that house in the African wilderness. If I leave all of the doors and windows of my imagination open, great wild beasts frequently come to visit. When they do, I never ever try to close them in with my own rules and regulations. If they want to sleep on the porch or pee on the couch, wonderful. No matter what, I am always thrilled to see them and they know that. When they feel it is time to leave, they do. If I don’t feel like writing today or for a few days, I don’t. And I don’t think about it. It is not an obligation– it is the greatest privilege. These animals, these ideas and characters and stories, are my friends. When they are in the mood or the neighborhood, they will return. »

#307

« Elle contemplait la mer et dans sa voix vibrait la nostalgie de tout ce qu’elle n’avait pas connu: nostalgie de l’énigme tapie dans les vieux livres et les cartes marines pour lui rappeler, comme l’éclat lointain d’un phare dans la houle, qu’il y avait encore des mers où naviguer et des épaves à trouver, des poursuites toutes voiles dehors, des émeraudes et des rêves à remonter à la lumière du jour. »

Arturo Perez-Reverte, Le cimetière des bateaux sans nom.