Je cherchais des documents sur le peintre belge Emile Claus, j’ai donc été consulter la seule encyclopédie d’art que je possède, L’Aventure de l’art au XXe siècle. Rien, pas la moindre mention ni de Claus ni d’un mouvement « luministe ». Bon, OK me dis-je, de toute manière il ne devait pas être très connu.
Saisi d’un doute, tout de même, je consulte l’index à la recherche de Rik Wouters. Rien. Et Léon Spilliaert? Rien non plus.
Ah ben bravo, les grands peintres belges n’existent pas dans ce bouquin?! Bonjour le racisme anti-belge primaire, le franco-centrisme de base… 🙁
Le Petit Robert des noms propres n’est pas si con, tout de même — y’a Wouters, Spilliaert, James Ensor… Pas d’Emile Claus, décidemment trop obscur, cependant… Enfin, heureusement il y a la ressource d’une recherche sur Google…
Pourquoi Claus, au fait? Juste parce que j’ai aimé ses tableaux londoniens exposés au Palais des Beaux-Art de Bruxelles, that’s all (mais c’est déjà pas mal)… Et que ça me fait un détail de plus pour des nouvelles…
EMILE CLAUS (1849-1924)
Peintre de paysages et de portraits, aquarelliste et graveur, il commence sa formation en suivant des cours de dessin le dimanche à Waregem. Mais son père, qui n’est pas convaincu de ses capacités artistiques, l’envoie à Lille pour apprendre à être boulanger. A l’âge de 20 ans, notre homme parvient à convaincre son père d’entrer à l’Académie d’Anvers. Afin de survivre et de payer ses études, Emile Claus travaille à la polychromie des madones et des chemins de croix dans l’atelier de l’artiste de Geefs. A la sortie de l’Académie, Nicaise de Keyser le prend comme assistant dans son atelier mais il en est rapidement exclu après avoir refusé de participer au prix de Rome. Pour subvenir à ses besoins, il donne des cours de peinture chez les particuliers et peint des portraits réalistes. Il connaîtra un grand succès. Dans les années 1878-1879, il entreprend une série de voyages, se rend en Espagne, au Maroc et en Algérie, dans des villes comme Barcelone, Valence, Cartagène et Tlemcen. Lors de son voyage de retour, il visite le Prado et les maîtres anciens l’impressionnent beaucoup. Ses œuvres d’Afrique sont exposées à Bruxelles en 1880. Ce sont des scènes très intimistes et d’une facture claire
En 1882, il s’installe à Astène où une nouvelle vie commence. Il garde malgré tout son atelier à Anvers et des contacts avec la métropole. Il rencontre Albijn Van den Abeele et le premier groupe de Laethem-Saint-Martin, Georges Minne et Karel Van de Woestijne. Il se tourne vers le Naturalisme, reproduisant des scènes de la vie rurale en plein air et de grands formats. Il se marie avec Charlotte Dufaux en 1886 et expose en Allemagne, Liverpool et la Nouvelle-Orléans. L’état belge achète une de ses œuvres : Sarcleuses de lin pour le Musée des Beaux-Arts d’Anvers tandis que le Pique-nique, acquis par le roi Léopold II, entre dans la collection royale en 1888.
Il passe ses étés à La Hulpe, chez Camille Lemonnier qu’il rencontre en 1890 et il y côtoie le couple de peintres Juliette et Rodolphe Wytsman. Sa facture change progressivement. L’artiste pose les couleurs en touches rendant le fond de ses œuvres plus flou et la lumière devient de plus en plus forte. Il est influencé par les impressionnistes qu’il voit tous les hivers à Paris entre 1889 et 1892. En 1892, son style devient complètement impressionniste. La couleur, fragmentée, est posée en touches vibrantes, nerveuses, dite « en virgule ». En 1891, il fonde avec plusieurs artistes à Anvers, le groupe des XIII, en réponse au Groupe des XX à Bruxelles. En 1894, il participe à l’exposition de La Libre Esthétique et dès 1895, expose régulièrement à Paris dans la galerie Georges Petit. Il fait de nombreux voyages, notamment aux Pays-Bas en 1895 et 1897 ainsi qu’en Italie en 1898-1899. Il représente les peintres belges à l’exposition universelle de Paris en 1900 et à la Sécession à Berlin. Les impressionnistes belges se sentent exclus des salons par rapport aux luministes et aux impressionnistes français qui exposent à La Libre Esthétique en 1904. La même année, ils décident donc de créer un cercle : Vie et Lumière. Claus y fait sensations et est considéré à cette époque comme un des plus grands impressionnistes belges avec A-J Heymans. Le cercle est alors invité à La Libre Esthétique l’année d’après. En 1906, Claus expose 52 toiles au Cercle Artistique. Il retourne en Italie en 1906 et 1908 et, invité au jury de l’exposition internationale du Carnegie Institute, il se rend à Pittsburg en 1907. Son succès est tel que Camille Lemonnier lui consacre une monographie en 1908. En 1911, il voyage en Normandie, passe en Bretagne et dans le Pays de la Loire. Il retourne encore en Bretagne en 1912 et séjourne à la Côte d’Azur en 1914.
La guerre éclate et, comme beaucoup d’artistes, il est contraint à l’exil. Il se réfugie pendant cinq ans au Pays de Galles et à Londres. De son atelier dans la capitale anglaise, il jouit d’une vue magnifique sur la Tamise. L’atmosphère de ses tableaux évolue. Le « smog », la pluie, la lumière tamisée perçant dans le brouillard, les teintes plus douces, font leur apparition dans ses œuvres.
Après la guerre, Claus retourne à Astène. Il est atteint de maladie et décède en 1921.