« The past scampers like an alley cat through the present, leaving the paw prints of memories scattered helter-skelter — here ink is smeared on a page, there lies an old photograph with a chewed corner, elsewhere still, a nest has been made of old newspapers, headlines running one into the other to make strange declarations. There is no order to what we recall, the wheels of time follows no straight line as it turns in our heads. In the dark attics of our minds, all times mingle, sometimes literally. » Charles de Lint.
Archives mensuelles : mai 2004
#585
Lire sur la nooSFere, très amusant: les Papiers de Papy Péji, archivage en ligne des excellents billets d’humeur que livrait autrefois cet auguste critique toulousain dans les pages de mon Yellow Submarine. Tiens, d’ailleurs, le prochain volume (sur la « conscience historique ») sortira finalement en septembre, toujours au Bélial’: chouette, j’ai hâte. C’est pour moi le meilleur volume de Yellow Submarine que j’ai produit — avec celui sur San Francisco.
#584
De retour du festival d’Epinal, les Imaginales, littéralement épuisé — guère dormi durant trois jours… Mais ce fut formidable, d’une grande convivialité, chaleureux, amical & fructueux. Je ne sais si j’aurai la force de poster ici un journal de voyage, juste entamé, nous verrons cela… Et dire que je repars la semaine prochaine, pour Paris: argh. Moi y en a être casanier. M’enfin, vraiment, ces Imaginales furent épatantes!
En attendant, ainsi qu’officiellement déclaré lors des Imaginales samedi soir, j’ai le très grand plaisir d’enfin pouvoir parler de la création de ma propre maison d’édition: les moutons électriques.
Celle-ci débutera fin septembre ses parutions avec le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux, ouvrage grand format (19×27 cm) de 416 pages, largement illustré (dessins, tableaux, photos, etc), réunissant quelques 80 articles sur les auteurs et illustrateurs des littératures du merveilleux, avec mes propres papiers & la collaboration de René Beaulieu, Ugo Bellagamba, Francis Berthelot, Bruno B. Bordier, Jean-Daniel Brèque, David Calvo, Fabrice Colin, Raphaël Colson, Olivier Davenas, Sara Doke, Catherine Dufour, P.P. Durastanti, Johan Heliot, Rhys Hugues, Stephen Jones, Jean-Marc Lofficier, Patrick Marcel, Xavier Mauméjean, P.J.G. Mergey, Michael Moorcock, Harry Morgan, Alexis Nevil, Laurent Queyssi, Jean Ruaud, Léa Silhol, Thierry Sportouche, Michael Swanwick et Terri Windling.
Une souscription est ouverte jusqu’à fin août, de 31 euros (au lieu de 39 à parution ; port compris). Chèque à l’ordre des moutons électriques, 245 rue Paul Bert 69003 Lyon. Notre distribution/diffusion sera assurée par L’Oxymore. Et le site web ouvrira vers la mi-juin.
#583
Ah, et puis bien entendu: lu plusieurs Martha Grimes, ma nouvelle « friandise » – il me faut ainsi, de temps en temps, découvrir un auteur (ou une autrice!) qui me fait cettte espèce d’effet de familiarité, de confort… Ce fut le cas bien longtemps de Rex Stout (non pas que je n’aime plus, juste que j’ai tout lu et relu et re-relu), & toujours, dans un autre genre, du père De Lint. Je me suis d’ailleurs mis à lire Elsewhere de Will Shetterly, un roman de fantasy urbaine tout à fait dans le style de De Lint, sauf que c’est plutôt pour ados – très sympa, dans l’univers de Bordertown créé par Terri Windling lorsque tous ces écrivains débutaient & inventaient la fantasy urbaine.
Enfin eu un nouveau mail de Terri, d’ailleurs, qui va mieux – j’suis content.
Lu encore: Rue des maléfices de Jacques Yonnet (juste réédité par Phébus, zut: j’ai une vilaine édition chez Payot). Très très étrange plongée quasi ethnologique dans le Paris des bas-fonds des années 40/50, et dans les légendes urbaines, littéralement, qui y couraient. Magique, inquiétant, poétique, citadin, le tout servi par une plume splendide. Faut que je le chronique pour Bifrost.
Et puis je me suis fait une bonne petite cure de BD. J’adore ça! Je ne bosse plus dans la librairie de BD où j’ai travaillé durant des années & des années, & j’en suis fort aise, mais lire des BD me manque. Heureusement j’ai quelques réserves… Le dernier « Jojo », par exemple: André Geerts m’épate, cet humour léger, pas bêbête ni nostalgique, le trait tout rond, les aquarelles, le sens des atmosphères… Ca n’a l’air de rien, cette petite BD pour mômes, mais c’est de la poésie toute douce & un sacré art. Et y’en a un nouveau qui a démarré dans « Spirou »: eh, j’me suis abonné à « Spirou », ben oui, vieux rêve, en quelque sorte. Je m’étais toujours dit que le jour où je quittais la librairie (si je), je m’abonnerai à « Spirou ». Ca va me permettre de suivre des séries sympas, que j’aimais bouquiner à la boutique mais que je n’achèterai pas. Des années de lecture BD intensive, ça laisse des traces: me faut de la matière! Par contre, pas encore tout à fait convaincu par la reprise de Spirou & Fantasio par Munuera. Joli, mais, bon, j’suis réac, Franquin est pour moi le sommet.
Lu aussi les deux derniers De cape et de crocs, j’avais du retard: chic! Formidablement drôle, intelligent, foutraque, Ayrolles va toujours plus lon dans le barjo prétentieux & délicieusement rétro, quant à Masbou, son style ne cesse de bouger, de s’adapter (avec classe) à la matière même de la narration, c’est un régal, de la fantasy parfaitement originale, un bonheur des yeux, des tonnes de détails idiots & des dialogues incroyablement bien troussés.
Fanatsy aussi, j’ai rattrapé mon retard sur « Bone » à la faveur de la sortie, enfin, de l’avant-dernier fascicule: bientôt la fin, déjà?! Flûte, ça va me manquer. Et si les 55 numéros de cette série sont forcément moins impressionnants, au moins en terme de volume, que les 300 « Cerebus », n’empêche que cela demeurera une oeuvre importante, originale, très attachante. Une splendide saga, et toujours de l’humour même dans cette fin de cycle assez violente. Jeff Smith est fort, très.
Ministry of Space est une mini-série sur la conquête de ml’espace par les britanniques – une uchronie où ce sont les forces anglaises qui ont rafflé les savants allemands du V2, plutôt que les Yankees. C’est assez amusant, monstrueusement kitsch, et ma foi d’une subtilité finale assez admirable…
#582
Lectures, lectures? Tant de livres, tout le temps. L’amusant Félidés de Akif Pirinçci — pas une faute de frappe, non, mais bien le nom d’un écrivain turquo-allemand, auteur d’un étrange polar très noir mais très décalé, puisque l’enquêteur est un… chat!
Dans le genre polar étrange, aussi: Journal d’un ange de Pierre Corbucci. En Série Noire, une amusante et captivante enquête sur la Terre comme au Ciel (mais surtout Là-Haut), sur d’inexplicables disparitions d’anges gardiens. Un Ciel où Grand Hall d’accueil des morts a été décoré par Vinci et Michel-Ange, où le système éducatif réformé par Socrate, et où gronde un scandale immobilier: les terrains du Purgatoire, à l’abandon, doivent être bientôt revendus aux Enfers! Eriel, l’ange inquisiteur chargé de l’affaire, a le cynisme nonchalant d’un Sam Spade et tout ce court roman se lit comme l’hybride aussi étonnant que réussit d’un roman noir hard boiled et d’un « monde secondaire » de fantasy d’inspiration chrétienne
Pas étrange du tout, bien au contraire, un polar terriblement anglais: Hide My Eyes de Margery Allingham, je ne sais plus où j’avais lu qu’il s’agit d’un classique du genre. Sans doute! Datant de 1958, il s’agit d’une enquête policière à Londres, faisant se croiser un important casting de personnes très attachants, minutieusement agités, croqués, brossés & habités — remarquable, vraiment. Avec des crimes captivants & inquiétants, un tueur inhabituel & une plume faussement tranquille. Pas terminé de le lire, je savoure.
Relu La Bibliothèque de Villers, de Benoît Peeters. Un ami, spécialiste de Schuiten, me l’avait prêté il y a des années de cela. Une novella, d’ailleurs, plutôt qu’un roman, que j’ai trouvé il y a peu rééditée en poche tout joli (sous couverture de Schuiten, bien sûr) chez Labor. Du pur Peeters, obscur & énigmatique à souhait, parfaitement dans la lignée de ses « Cités Obscures », justement. Suit dans cette édition un essai sur Agatha Christie — pas encore lu.
Science-fiction, tout de même: A Woman of the Iron People d’Eleanor Arnason. SF ethnologique à la Le Guin — mais en mieux, finalement, mais si, j’ose le dire. Et en fantasy, The Knight de Gene Wolfe — mais je vous recopierai ici mes fiches de lecture.
Et un peu de philo: La Prose au monde de Merleau-Ponty. Et des nouvelles, plein. Par exemple, des recueils de l’écrivain serbe Zoran Zivcovik (quelque part entre merveilleux, SF & Borgès). Ou toujours L’éléphant s’évapore de Murakami, dont je goûte à petites doses la suave étrangeté, l’amour du rien, du vide, du quotidien qui dérape, mais à peine. Des territoires de l’inquiétude qui souvent, paradoxalement, sont emplis de lumière.