Paris encore (4)
D’ailleurs, en peinture également, l’observation & le rendu plus ou moins subjectif des décors & paysages me aprlent bien plus que les scènes habitées & les portraits. La photographie, sans doute, est un art où la représentation des individus a une réelle pertinence. J’ai passé une soirée chez Fany, qui m’a montré ses carnets de voyage: de superbes aquarelles assurément, mais si ses portraits sont intéressants ils ne le sont jamais autant que ses paysages. Et sa pratique qui consiste à photographier le plus souvent ses modèles, pour les transformer en aquarelles plus tard, dans le calme de son studio, alors que ses paysages sont croqués sur le vif, me semble désigner la faiblesse même, l’artifice au bord de la vacuité, de la peinture de portraits.
Étant allé à une exposition sur els « coloristes écossais », je me suis cependant surpris à apprécier grandement un portrait — audacieusement coloré & métamorphosé en pure composition décorative, ceci expliquant cela, sans doute.
Les « coloristes écossais »: quatre peintres, John Duncan Fergusson, Samuel John Pelloe, Francis Cadell & George Leslie Hunter, que réunirent leur goût pour le post-impressionnisme & les fauves, ainsi que des séjours à Paris. Simplification des formes, aplatissement de la perspective, division de l’espace en masses de couleurs, teintes acides ou brûlantes, lumineusement complémentaires. Franco-centrisme oblige, on parle fort peu des post-impressionnistes de l’archipel britannique. D’ailleurs, en fait de post-imporessionnistsmes on n’évoque en général qu’une minuscule poignée d’artistes: Van Gogh, Cézanne, Seurat, Signac, c’est guère tout ce que els histoires de l’art françaises veulent bien en commenter, avec quelques Nabis & Fauves. Pourtant, il semble y avoir eu dans tout l’archipel britannique un véritable engouement pour les démarches post-impressionnistes, qui de ces « coloristes écossais » à leur confrères de Glasgow, en passant par l’école de Bloomsbury ou par les artistes exilés dans telle ou telle île, par exemple, fut sidérant de richesse. Il est heureux que les cérémonies de l’Alliance Cordiale permettent à une telle expo de voir le jour. Je m’y suis finalement trouvé plus fasciné qu’à celle sur les Rouart. Pas d’impressionnisme servile & de calme bourgeois, ici, mais des recherches de couleur, des cernés francs, des côtes sauvages (Iona) & des villes sales. Une peinture qui, paradoxale, pulse à la fois d’effets décoratifs & de vie réelle.