Firenze / 4 (où le capitaine n’aime la campagne qu’en peinture)
Si à la droite du quartier San Niccolo s’élève la colline de San Miniato, à sa gauche, juste au-dessus de notre hôtel, la Pensione Silla, sont es jardins Bardini. Je tenais à m’y rendre, car peu amateur d’art ancien — alors que je suis en plein coeur d’une cité de la Renaissance! — j’avais cependant repréré qu’une exposition se tenait sur les Macchiaioli. Ceux-ci étaient des peintres toscans de la fin du XIXe siècle, qui opérèrent un passage aux scènes de la vie quotidienne, et notamment de la vie campagnarde Ces jeunes gens vivaient déjà dans la fin des espoirs du Risorgimento, confrontés qu’ils se trouvaient à la réalité de l’unité italienne. Ils étaient également influencés par l’art de leur époque, et notamment par la pratique des peintres français dits de Barbizon. Autour de la personnalité de Fattori, représenté par onze tableaux de toute beauté (à les voir on comprend fort bien pourquoi Fattori fut célébré comme le maître de ce mouvement), quatre sections présentaient la peinture de ce temps et de cette région — y compris des scènes de villes, très dans la mode de l’époque, au point qu’elles auraient tout aussi pu être peintes par un Jean Béraud.
Plus tard, au gré des autres musées florentins, je vis quelques autres Fattori.
La promenade se poursuivit par les jardins Bardini et, surtout, par les jardins Boboli, un chef-d’œuvre d’art paysager aux immenses haies et aux longues allées ponctuées de statues. Ils n’étaient pas fous, tous ces Anglais qui entre la fin du XVIIIe et le début du XXe vinrent s’installer en Toscane, ou s’y rendre en villégiature. Dans cette nature assagie, peignée, sous ce grand ciel bleu et les élans sombres des cyprès, je ne cesse de croiser les fantômes des protagonistes de Chambre avec vue…
Toutes les demi-heures, toute la ville « sonne beau », comme disait mon arrière grand-mère. Carillons omniprésents.
(à suivre)