#1702

I’m really growing old : 46 ans ! J’en reviens pas. Mais j’ai été gâté, pour cet anniversaire: en particulier, Seb Hayez m’a offert un gros livre du XIXe siècle, Les fées en train de plaisir d’Arsène Alexandre illustré par Lucien Métivet (rien que leurs noms sonnent délicieusement d’époque), et mon copain argentin Calvi (qui fera les pages couleur du prochain Fiction) m’a fait ce joli dessin :

#1701

L’avenir de la droite : le gamin Frédéric Beigbeder invité par les juvéniles frères Bogdanoff pour parler de science-fiction. C’était en 1979, lors de la première de l’émission Temps-X. Merci à Daylon pour ce lien fatal. À quand un entretien de Jean Sarkozy avec Jimmy Guieu ? Justement, je vais en fin de mois à un concert de jazz-rock, du groupe de Patrick Forgas, artiste qui pour vivre dans les années 80… faisait les musiques de Temps-X !

#1700

Rapide aller-retour à Paris hier avec Raphaël, juste pour la réunion de représentants du CED (le diffuseur des Moutons). Et quand je dis à Paris: métro jusqu’à Maisons-Alfort et traverser le pont pour la riante berge d’Ivry-sur-Seine. Au retour, passage (trop) bref à la librairie Scylla, où je fis connaissance de Jacques Mucchielli. Le soir venu, j’étais épuisé: mal au dos, yeux papillotants. C’est que cela demande de l’énergie, une réunion de commerciaux. Et que je m’étais levé passablement tôt, aussi. Ces temps-ci sinon, je travaille sur le Dictionnaire féerique, que je refonde complètement et augmente considérablement, pour une nouvelle éd en janvier. Les illus pour icelui tombent aussi, régulièrement, et c’est un enchantement. Ci-dessous la base de couverture par Amandine Labarre; Sébastien Hayez va s’occuper de l’habillage du volume. Le plan, c’est de réaliser trois tomes: le premier sur les créatures féeriques plus ou moins humanoïdes; le deuxième sur le bestiaire fantastique (en septembre); et le troisième sur les mythes sylvestres et la symbolique des plantes.

#1698

J’ai lu en deux jours (dont une journée de repos quasi complet, si, ça m’arrive aussi) l’immense volume intitulé Yvan Delporte réacteur en chef, qui vient juste de sortir chez Dupuis. Un hommage remarquable à un artiste inclassable: dire qu’il fut le rédac’chef de l’âge d’or de Spirou et un scénariste de bédé ne recouvre pas tout le champ de son humour, de sa fantaisie, de son originalité… Je me souviens qu’il y a quelques années, essayant de mettre une collection sur pied, j’avais rêvé d’avoir l’occasion de rencontrer Delporte. Ça ne s’est jamais fait et je le regrette sincèrement. Depuis que je suis tout môme, ce mec était un légende, pour moi. Des gens qui témoignent dans cet astucieux montage d’interviews, entrelacées pour reconstituer toute une narration autour d’Yvan Delporte, il y en a un que j’ai rencontré brièvement: René Hausmann, que je vis un jour au détour d’une allée d’Angoulème, tout seul à une table minuscule, pas un chat ne s’intéressait à lui. Je fonçai, quoique redoutablement intimidé. Saisissant son pinceau, il le trempa dans un peu de gouache rouge, hop hop, quelques mouvements souples et un beau petit renard était déjà apparu, terminé par deux taches noires.

« Rencontré », c’est beaucoup dire: je ne suis pas certain d’avoir dit grand-chose, pétrifié que j’étais par mon admiration. Donc, il parle un peu dans cet album, monsieur Hausmann. On y trouve aussi des propos fielleux de Thierry Martens, qui se révèle aussi réac et peu sympathique que dans les portraits que l’on brosse de lui depuis des années — il fut le successeur de Delporte à la direction de Spirou. Enfin, peu à peu, se dégage une image nuancée et attachante de Delporte l’homme, de Delporte l’humoriste, de Delporte le type vraiment pas comme les autres. Et vers la fin j’ai songé un peu à Patrice Duvic, mais il faut dire que, ne me remettant pas vraiment de sa mort, je me surprend souvent à lire dans d’autres fins de vieux artistes quelque chose de la figure de Patrice. Enfin bref: bel ouvrage. Vraiment. Et assez rare, je le soupçonne — faut bien le chercher, au milieu des démoralisants flots d’inanités dessinées qui submergent plus que jamais les rayons BD.

Suite à cette lecture, je me suis enfin décidé à lire, aussi, le Peyo d’Hugues Dayez, acheté depuis des lustres. Beau portrait et parcours bien brossé, ce livre est le prototype de ce que nous commençons à publier aux Moutons électriques comme monographies BD, dans un format sensiblement semblable. J’adore Peyo, et les belles rééd en cours de ses « Johan et Pirlouit » me l’ont remis dans l’oeil. Une vie tout de même assez triste, ce pauvre homme s’étant fait dévorer par les affreux dessins animés américains adaptés de ses Schtroumpfs, y ayant perdu la santé puis la vie, à seulement 64 ans. C’est d’autant plus désolant que l’on constate à chaque capture d’écran de ces DA combien ils étaient laids, atrocement mal dessinés.

Et puis dans la foulée, de monsieur Dayez également, j’ai lu Tintin et les héritiers. Mais ce fut une lecture encore plus désolante, ma foi, à force de sombres histoires de pouvoir et de fric, d’ambitions imbéciles, de stratégies mercantiles — retracées d’une plume remarquablement juste et honnête, ceci dit: Dayez a un vrai talent pour ce type de travaux. Après j’ai relu Les Bijoux de la Castafiore, c’est plus drôle.

Sur le Peyo et le Delporte flotte l’ombre immense du très très très grand André Franquin. J’ignorais qu’il avait participé à « Johan et Pirlouit », tiens.