#1724

Bribes parisiennes…

Le haut des façades prend une teinte de miel, tandis qu’un niveau du trottoir, sous les hauts platanes, le bleu aigu et le rouge brûlant d’une enseigne de vidéo-club acquièrent plus d’épaisseur. Une ambulance passe en silence, qui projette exactement les mêmes teintes, à son passage celles-ci se brouillent, s’étirent un instant. Uniformisation de la couleur industrielle. Un sosie d’Eric Picholle passe sous un autocollant pour Orangina. La porte du bar racle sur le carreau, chaque ouverture lui arrache le cri du bébé d’Eraserhead. Pour les WC, coincés dans le local des compteurs électriques, il faut prendre un jeton en allu dans une coupelle. Rites bien franchouillards.

#1721

Lisant – corrigeant – annotant des textes toute la journée, en ce moment, j’ai un peu de mal à encore lire le soir venu… Enfin, de lire des mots sur du papier, quoi. D’où une forte crise de bédé, ma foi. Là je viens de lire les cinq tomes du Legs de l’alchimiste. J’avais déjà les deux premiers dans une existence antérieures (enfin, c’est ainsi que je contemple désormais mes années en librairie) et en gardait un excellent souvenir. Ma lecture récente des Miss pas touche m’a donc donné l’envie de plus en découvrir du même scénariste Hubert. Eh bien, je vais tâcher de trouver ses autres albums, à ce garçon. Voilà un « raconteur d’histoires » comme je les aime. Bon, je regrette que Tanquerelle ait quitté la série avant la fin, laissant la place à un médiocre dessineux, hélas, mais quant au récit c’est magistral d’un mélange d’humour, de noirceur, de magie, de politique, de dix-neuviémisme… Et ça se déroule dans une principauté à la Ruritanie, de Napoléon à Hitler… Étonnant.

#1720

Je tousse et j’ai de la fièvre — mais je ne ferai pas ce plaisir à Roselyne: non, je n’ai pas la grippe A, juste une bête bronchite B attrapée avant-hier alors que j’allais faire les courses sous l’averse… Ce n’est donc encore pas par moi que vont être compensés les gros sous dépensés par notre gouvernement à nous qu’on a en produits pharmaceutiques.

Quand on y pense, il est formidable, ce gouvernement: ni véritablement libéral (son attachement à une certaine catégorie de fonctionnaires, ceux de Bercy, le prouve amplement), ni classiquement de gauche (en dépit de l’embauche à tour de bras de caciques du PS, genre Claude Évin encore récemment), en fait ce doit être cela, la droche. Ou la goiche, allez savoir. Le pire des deux. En tout cas, il y a une tarte à la crème de la pensée tout faite, un lieu commun de la propagande de droite, qui s’avère intéressant: j’ai toujours entendu dire et répéter que lorsque la gauche est au pouvoir, elle fiche l’argent par les fenêtres et enfonce le pays dans les dettes. Tandis que les milliards donnés aux banques (qui n’aident nullement les PME ni les particuliers), la baisse de TVA sur la restauration (avec comme résultat un magistral 0,02% de baisse des prix), les 808 millions de vaccins pour une pandémie imaginaire… et au bout du compte un déficit record de plus de 140 milliards, du jamais vu à aucune époque, ça non, c’est pas grave du tout? Notre gouvernement à nous qu’on a ruine notre pays, vend nos biens à des intérêts privés (GDF privatisé en dépit des promesses, la Poste en passe de l’être en dépit de plus de 2 millions d’avis exprimés de manière spontanée faute des référendums promis), mais personne ne dit rien, la presse se taie, tout va bien. Oh, ne faite pas attention: ce doit être ma fièvre qui parle.