#1868

Après mon séjour chez Mauméjean (je vais remettre ça début juillet, car le travail est loin d’être terminé sur le pavé holmésien), reprise en douceur, amortie en particulier par le passage quelques jours ici de David Calvo. Ma priorité maintenant est de finir de rédiger le deuxième tome du Dico féerique (et la Quête du Monde noir avec Colin, bien sûr). Mais tout de suite, trois jours de travail/réunions avec Julien Bétan et plusieurs collaborateurs: Sébastien Hayez pour discuter de nouvelles maquettes, Isabelle Ballester et sa copine Claire pour un projet Star Trek pour la Miroir, Nicolas Le Breton pour un projet aussi considérable que top secret, etc.

Lectures? Plein, plein: je fais une véritable boulimie de romans, en ce moment. Genre The Dream of Perpetual Motion de Dexter Palmer, un steampunk littéraire (par opposition aux steampunks généralement plutôt « pulp », romans populaires, que je lis aussi), qui étend donc au rétro-futurisme le phénomène de tous ces romans plus ou moins franchement science-fictifs qui paraissent en rayon littérature générale. Et superbe il est, ce roman: un homme enfermé à bord d’un dirigeable géant qui tourne autour des cités de gratte-ciels de la terre, dirigeable dirigé par des automates et équipé d’un système de propulsion à mouvement perpétuel (peut-être), cet homme donc, écrit ses mémoires. Son enfance, ses premiers contacts avec le grand inventeur dirigeant cette terre, avec sa fille… et à bord du dirigeable, sont aussi le corps cryogénisé du savant, et la voix désincarnée de sa fille, l’ancien amour de cet homme prisonnier du dirigeable, voix qui cherche à le faire parler et le poursuit dans tout le navire. C’est un peu froid, très « réalisme magique », fascinant… Et empli d’images frappantes.


Sinon, voyons voir: un polar rétro, Fromental et l’androgyne, de Demouzon &é Croquet, stylistiquement délectable mais ne pouvant s’empêcher de citer des gens célèbres de l’époque et de tomber dans le travers occasionnel du didactisme, c’est ce qui est gênant dans les polars historiques, on sent que ce n’est pas naturel. Et puis toujours et encore la vague steampunk (rien que dans les nominés du prochain prix Nebula, j’ai vu qu’il y avait un steampunk dans chaque catégorie « roman »!), qu’il m’amuse d’explorer en détail… C’est un genre qui se (re) déploie, s’invente ses archétypes, ses clichés, ses modes narratifs, toute une esthétique, je trouve cela fascinant. Lu donc Mainspring de Jay Lake (roman d’aventure absolument bourré d’images frappantes et de belles envolées d’imagination, mais dont la trama narrative demeure trop simple, juste une quête linéaire et juvénile) ; Changeless de Gail Carriger (deuxième de la série « Parasol Protectorate », très très amusant, vivant, inventif, vraiment j’adore cet auteur) ; The Osiris Ritual de George Mann (deuxième de la série Newberry, du bon polar steampunk avec des protagonistes attachants et pas trop simplets) ; Worldshaker de Richard Harland (australien traduit en France, pour une fois j’ai lu une — excellente — VF car la couv est superbe alors que celles des VO sont franchement hideuses ; c’est de la litt jeunesse, très agréable et aux prémisses assez étranges — dans un onde ravagé par l’industrialisation et les guerres sans fin de l’époque napoléonienne, l’élite des grandes puissances s’est réfugié sur des paquebots géantissimes) ; et là je viens de débuter Boneshaker de Cherie Priest (au texte imprimé en sépia, tiens, quelle jolie idée ; le début est excellent, superbe style, personnages avec bien de l’épaisseur, cadre qui me fait penser à du Miyazaki). Niveau essai, je lis sur recommandation mauméjeanesque celui d’Alain Corbin sur l’imaginaire des plages et des littoraux, superbement écrit et intellectuellement très séduisant.